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466 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

Comme il est fort essentiel de ne pas perdre son temps à élever des femelles, on a indiqué beaucoup de marques distinctives pour reconnaître les mâles : ils ont, dit-on, l’œil plus grand, la tête plus ronde, le bec plus long, plus large à sa base, surtout étant vu par-dessous ; le plumage plus haut en couleur, le ventre moins blanc, la queue plus touffue et plus large lorsqu’ils la déploient ; ils commencent plus tôt à gazouiller, et leur gazouil- lement est plus soutenu ; ils ont l’anus plus gonflé dans la saison de l’amour, et ils se tiennent longtemps en la même place, portés sur un seul pied, au lieu que la femelle court çà et là dans la cage ; d’autres ajoutent que le mâle a à chaque aile deux ou trois pennes dont le côté extérieur et apparent est noir, et que ses jambes, lorsqu’on regarde la lumière au travers, paraissent rougeâtres, tandis que celles de la femelle paraissent blanchâtres ; au reste, cette femelle a dans la queue le même mouvement que le mâle ; et lorsqu’elle est en joie, elle sautille comme lui, au lieu de marcher. Ajoutez à cela les différences intérieures, qui sont plus décisives : les mâles, que j’ai disséqués au printemps, avaient deux testicules fort gros, de forme ovoïde ; le plus gros des deux (car ils n’étaient pas égaux) avait trois lignes et demie de long sur deux de large ; l’ovaire des femelles, que j’ai observées dans le même temps, contenait des œufs de différentes grosseurs, depuis un quart de ligne jusqu’à une ligne de diamètre.

Il s’en faut bien que le plumage de cet oiseau réponde à son ramage ; il a tout le dessus du corps d’un brun plus ou moins roux ; la gorge, la poitrine et le ventre, d’un gris blanc ; le devant du cou d’un gris plus foncé ; les couvertures inférieures de la queue et des ailes d’un blanc roussâtre, plus roussâtre dans les mâles ; les pennes des ailes d’un gris brun tirant au roux, la queue d’un brun plus roux ; le bec brun, les pieds aussi, mais avec une teinte de couleur de chair ; le fond des plumes cendré foncé.

On prétend que les rossignols qui sont nés dans les contrées méridionales ont le plumage plus obscur, et que ceux des contrées septentrionales ont plus de blanc : les jeunes mâles sont aussi, dit-on, plus blanchâtres que les jeunes femelles, et en général la couleur des jeunes est plus variée avant la mue, c’est-à-dire avant la fin de juillet, et elle est si semblable à celle des jeunes rouge-queues, qu’on les distinguerait à peine s’ils n’avaient pas un cri différent (a) : aussi ces deux espèces sont-elles amies (b).

Longueur totale, six pouces un quart ; bec, huit lignes, jaune en dedans, ayant une grande ouverture, les bords de la pièce supérieure échancrés près de la pointe ; tarse, un pouce ; doigt extérieur uni à celui du milieu par sa base ; ongles déliés, le postérieur le plus fort de tous ; vol, neuf pouces ; queue, trente lignes, composée de douze pennes, dépasse les ailes de seize lignes.

(a) Le petit rossignol mâle dit ziscra, ciscra suivant Olina ; croi, croi, selon d’autres : chacun a sa manière d’entendre et de rendre ces sons indéterminés, et d’ailleurs fort variables.

(b) On dit même qu’elles contractent des alliances entre elles.