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444 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

plutôt cette huppe, est composée de quatre plumes de principale grandeur, suivant Belon, de quatre ou six, suivant Olina, et d’un plus grand nombre, selon d’autres, qui le portent jusqu’à douze (a). On ne s’accorde pas plus sur la situation et le jeu de ces plumes que sur leur nombre ; elles sont toujours relevées, selon les uns (b), et selon d’autres l’oiseau peut les élever ou les abaisser, les étendre ou les resserrer à son gré (c), soit que cette différence dépende du climat, comme l’insinue Turner, ou de la saison, ou du sexe, ou de quelque autre circonstance. C’est une preuve de plus, ajoutée à mille autres, qu’il est difficile de se former une idée complète de l’espèce d’après l’examen, même attentif, d’un petit nombre d’individus.

Le cochevis est un oiseau peu farouche, dit Belon, qui se réjouit à la vue de l’homme, et se met à chanter lorsqu’il le voit approcher ; il se tient dans les champs et les prairies sur les revers des fossés et sur la crête des sillons ; on le voit fort souvent au bord des eaux et sur les grands chemins, où il cherche sa nourriture dans le crottin de cheval, surtout pendant l’hiver. M. Frisch dit qu’on le rencontre aussi à l’entrée des bois, perché sur un arbre (d) ; mais cela est rare, et il est encore plus rare qu’il s’enfonce dans les grandes forêts ; il se pose quelquefois sur les toits, les murs de clôture, etc.

Cette alouette, sans être aussi commune que l’alouette ordinaire, est cepen- dant répandue assez généralement dans l’Europe, si ce n’est dans la partie septentrionale. On en trouve en Italie, suivant Olina ; en France, suivant Belon ; en Allemagne, selon Whillughby ; en Pologne, selon Rzaczynski ; en Écosse, selon Sibbald ; mais je doute qu’il y en ait en Suède, vu que M. Lin- næus n’en a point fait mention dans sa Fauna Suecica.

Le cochevis ne change pas de demeure pendant l’hiver (e) ; mais Belon ne

crested-lark, alouette huppée. Albin, t. III, n° 52. — « Alauda cristata rectricibus nigris, extimis duabus margine exteriori albis, capite cristato. » Linnæus, Syst. nat., édit. XIII, p. 288, sp. 6. — Muller, Zoologiœ Dan. prodromus, p. 29 ; en danois, top. laerke, vei-laerke. __Alauda cristâ dependente ; en autrichien, koth-lerche, schopf-lerche. Cramer, Elench. Austr. inf., p. 362. — Cocheviz, c’est-à-dire, visage de coq, selon Ménage, parce que le co- chevis ressemble un peu au coq par sa crête ; en Berry, alouette crêtée ; en Sologne, alouette duppée (pour alouette huppée) ; en Beauce, alouette cornue ou de chemin ; galerite, selon Cotgrave ; ailleurs, alouette de Brie, d’arbres, de vignes, grosse alouette ; dans le Périgord, verdauge ; en Provence et dans l’Orléanais, calandre. Noyez. Salerne, Hist. nat. des oiseaux, p. 194. — « Alauda cristata, supernè grisea, paululùm ad rufescentem inclinans, pennis in medio obscurioribus, infernè albo-rufescens ; collo inferiore maculis saturatè fuscis insi- gnito ; tæniâ supra oculos albo-rufescente ; rectrice extimâ in utroque latere, proximè sequenti in latere exteriore, fulvis... » Alauda cristata, l’alouette huppée ou le cochevis.

Brisson, t. III, p. 357. — On a pu remarquer que le cochevis a plusieurs noms communs avec l’alouette ordinaire, et l’on n’en sera pas surpris si l’on se rappelle ce que j’ai dit, que le mâle de cette dernière espèce sait aussi se faire une huppe en relevant les plumes de sa tête.

(a) Willughby, Ornithol., p. 151.

(b) Turner, apud Gessner, de Avibus, p. 79.

(c) Willughby, p. 151. Brisson, Ornithol., t. III, p. 358.

(d) Frisch, à l’endroit cité.

(f) Belon, à l’endroit cité.