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436 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

Olina : elle consiste à tendre le filet à portée des eaux où la calandre a coutume d’aller boire.

Cet oiseau est plus grand que l’alouette ; il a aussi le bec plus court et plus fort, en sorte qu’il peut casser les graines : de plus, l’espèce est moins nombreuse et moins répandue. A ces différences près, la calandre ressemble tout à fait à notre alouette : même plumage, à peu près même port, même conformation dans l’ensemble et dans les détails, mêmes mœurs et même voix, si ce n’est qu’elle est plus forte, mais elle est aussi agréable (a), et cela est si bien reconnu, qu’en Italie on dit communément chanter comme une calandre, pour dire chanter bien (b). De même que l’alouette ordinaire, elle joint à ce talent naturel celui de contrefaire parfaitement le ramage de plusieurs oiseaux, tels que le chardonneret, la linotte, le serin, etc., et même le piaulement des petits poussins, le cri d’appel de la chatte (c), en un mot, tous les sons analogues à ses organes, et qui s’y sont imprimés lors- qu’ils étaient encore tendres.

Pour avoir des calandres qui chantent bien, il faut, selon Olina, prendre les jeunes dans le nid, et du moins avant leur première mue, préférant autant qu’il est possible, celles de la couvée du mois d’août ; on les nourrira d’abord avec de la pâtée composée en partie de cœur de mouton ; on pourra leur donner ensuite des graines avec de la mie de pain, etc., ayant soin qu’elles aient toujours dans leur cage un plâtras pour s’aiguiser le bec, et un petit tas de sablon pour s’y égayer lorsqu’elles sont tourmentées par la vermine. Malgré toutes ces précautions, on n’en tirera pas beaucoup de plaisir la première année, car la calandre est un oiseau sauvage, c’est-à-dire ami de la liberté, et qui ne se façonne pas tout de suite à l’esclavage. Il faut même dans les commencements ou lui lier les ailes, ou substituer au plafond de la cage une toile tendue (d) ; mais aussi, lorsqu’elle est civilisée et qu’elle a pris le pli de sa condition, elle chante sans cesse, sans cesse elle répète ou son ramage propre ou celui des autres oiseaux, et elle se plaît tellement à cet exercice qu’elle en oublie quelquefois la nourriture (e).

On distingue le mâle en ce qu’il est plus gros et qu’il a plus de noir autour du cou ; la femelle n’a qu’un collier fort étroit (f) ; quelques individus, au lieu de collier, ont une grande plaque noire sur le haut de la poitrine ; tel était l’individu que nous avons fait représenter. Cette espèce niche à

(a) Belon, Nature des oiseaux, p. 270.

(b) Aldrovande, Ornithol., t. II, p. 847.

(c) Olina, à l’endroit cité.

(d) Ibidem.

(e) Gessner, de Avibus, p. 80.

(f) Voyez Edwards, pl. 268. Celui qui a donné cette observation à M. Edwards avait une méthode de distinguer le mâle de la femelle parmi les petits oiseaux : c’était de les renverser sur le dos et de souffler sur l’estomac ; lorsque c’est une femelle, les plumes se séparent de chaque côté laissant l’estomac à nu ; mais cette méthode n’est sûre que dans la saison où les oiseaux nichent. Gessner, de Avi., p. 80.