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LA SPIPOLETTE. 433

Lorsqu’on approche du nid, la mère se trahit bientôt par ses cris, en quoi son instinct parait différer de celui des autres alouettes, qui, lorsqu’elles craignent quelque danger, se taisent et demeurent immobiles.

M. Willughby a vu un nid de spipolette sur un genêt épineux, fort près de terre, composé de mousse, en dehors, et en dedans de paille et de crin de cheval (a).

On est assez curieux d’élever les jeunes mâles, à cause de leur ramage, mais cela demande des précautions : il faut, au commencement, couvrir leur cage d’une étoffe verte, ne leur laisser que peu de jour, et leur prodiguer les œufs de fourmis. Lorsqu’ils sont accoutumés à manger et à boire dans leur prison, on peut diminuer par degrés la quantité des œufs de fourmis, y substituant insensiblement le chènevis écrasé, mêlé avec de la fleur de fa- rine et des jaunes d’œufs.

On prend les spipolettes au filet traîné, comme nos alouettes, et encore avec des gluaux que l’on place sur les arbres où elles ont fixé leur domicile ; elles vont de compagnie avec les pinsons : il paraît même qu’elles partent et qu’elles reviennent avec eux.

Les mâles diffèrent peu des femelles à l’extérieur ; mais une manière sûre de les reconnaître, c’est de leur présenter un autre mâle enfermé dans une cage ; ils se jetteront bientôt dessus comme sur un ennemi, ou plutôt comme sur un rival (b).

Willughby dit que la spipolette diffère des autres alouettes par la couleur noire de son bec et de ses pieds (c) ; il ajoute que le bec est grêle ; droit et pointu, les coins de la bouche bordés de jaune ; qu’elle n’a pas, comme le cujelier, les premières pennes de l’aile plus courtes que les suivantes, et que le mâle a les ailes un peu plus noires que la femelle.

Cet oiseau se trouve en Italie, en Allemagne, en Angleterre, en Suède, etc. (d).

M. Brisson regarde l’alouette des champs de Jessop comme étant de la même espèce que la sienne, quoiqu’elles diffèrent entre elles par l’ongle postérieur, qui est fort long dans la dernière, et beaucoup plus court dans l’alouette de Jessop (e) ; mais on sait que la longueur de cet ongle est sujette à varier suivant l’âge, le sexe, etc. Il y a une différence plus marquée entre l’alouette de champ de M. Brisson et celle de M. Linnæus, quoique ces deux naturalistes les regardent comme appartenant à la même espèce ; l’individu décrit par M. Linnæus avait toutes les pennes de la queue, à l’exception des deux intermédiaires, blanches depuis la base jusqu’au milieu de leur lon-

(a) Willughby, Ornithologia, p. 15.

(b) Voyez Frisch, pl. 15.

(c) Ornithologie, p. 153.

(d) Voyez Aldrovande et Willughby, aux endroits cités. — British Zoology, p. 94 ; et Fauna Suecica, n° 193.

(e) Voyez l’Ornithologie de Willughby, p. 150.