Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome VI.djvu/452

Cette page n’a pas encore été corrigée

428 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

lui a trouvé en effet dans l’estomac des scarabées et de petits vers : j’y ai trouvé moi-même des débris d’insectes, et de plus, de petites graines et de petits cailloux. Si l’on en croit Albin, elle a l’habitude en mangeant d’agiter sa queue de côté et d’autre.

Les farlouses nichent ordinairement dans les prés, et même dans les prés bas et marécageux (a) ; elles posent leur nid à terre (b), et le cachent très bien ; tandis que la femelle couve, le mâle se tient perché sur un arbre dans le voisinage, et s’élève de temps à autre, en chantant et battant des ailes.

M. Willughby, qui parait avoir observé cet oiseau de fort près, dit avec raison qu’il a l’iris noisette, le bout de la langue divisé en plusieurs filets, le ventricule médiocrement charnu, les cæcums un peu plus longs que l’alouette, et une vésicule du fiel. J’ai vérifié tout cela, et j’ajoute qu’il n’a point de jabot, et même que l’œsophage n’a presque point de renflement à l’endroit de sa jonction avec le ventricule, et que le ventricule ou gésier est gros à proportion du corps. J’ai gardé un de ces oiseaux pendant une année entière, ne lui faisant donner que de petites graines pour toute nourriture.

La farlouse se trouve en Italie, en France, en Allemagne, en Angleterre et en Suède. Albin nous dit qu’elle parait (sans doute dans le canton de l’An- gleterre qu’il habite), au commencement d’avril, avec le rossignol, et qu’elle s’en va vers le mois de septembre ; elle part quelquefois dès la fin d’août, suivant M. Lottinger, et semble avoir une longue route à faire (c) : dans ce cas elle pourrait être du nombre de ces alouettes qu’on voit passer à Malte dans le mois de novembre, en supposant qu’elle s’arrête en chemin dans les contrées où elle trouve une température qui lui convient. En automne, c’est-à-dire au temps des vendanges, elle se tient autour des grandes routes (d). M. Guys remarque qu’elle aime beaucoup la compagnie de ses semblables, et qu’à défaut de cette société de prédilection elle se mêle dans les troupes de pinsons et de linottes qu’elle rencontre sur son passage.

Au reste, en comparant ce que les auteurs ont dit de la farlouse, je vois des différences qui me feraient croire que cette espèce est sujette à beau- coup de variétés, ou qu’on l’a confondue quelquefois avec des espèces voi- sines, telles que le cujelier et l’alouette pipi (e).

(a) British Zoology, p. 94.

(b) Belon, Nat. des oiseaux, p. 272. — British Zoology, ibidem.

(c) Une seule fois M. Lottinger en a vu une en Lorraine au mois de février 1774 ; mais il a vu aussi ce même hiver d’autres oiseaux qui n’ont pas coutume de rester en Lorraine, tels que verdiers, bergeronnettes, lavandières, etc., ce que M. Lottinger attribue, avec raison, à la douce température de l’hiver de cette année 1774.

(d) Voyez Albin à l’endroit cité.

(e) La disposition des taches du plumage est à peu près la même dans ces trois espèces, quoique les couleurs de ces taches soient différentes dans chacune, et les habitudes encore plus différentes, mais moins cependant que les opinions des divers auteurs sur les propriétés de la farlouse, et sur les détails de son histoire. Il ne faut que comparer Belon, Aldrovande, Brisson, Olina, Albin, etc., on verra que les couleurs du plumage, par lesquelles M. Brisson