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424 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

totale, ayant le corps plus court et plus ramassé, étant beaucoup moins gros, et ne pesant au plus qu’une once : il en diffère par son plumage, dont les couleurs sont plus faibles, et où, en général, il y a moins de blanc, et par une espèce de couronne blanchâtre plus marquée dans cet oiseau que dans l’alouette ordinaire : il en diffère par les pennes de l’aile, dont la première et la plus extérieure est plus courte que les autres d’un demi-pouce : il en diffère par ses habitudes naturelles, puisqu’il se perche sur les arbres, tandis que l’alouette commune ne se pose jamais qu’à terre ; à la vérité, il se perche sur les plus grosses branches sur lesquelles il peut se tenir sans être obligé de les embrasser avec ses doigts, ce qui ne serait guère possible, vu la con- formation de son doigt trop long, ou plutôt de son ongle postérieur, et trop peu crochu pour saisir la branche : il en diffère en ce qu’il se plaît et niche dans les terres incultes qui avoisinent les taillis, ou à l’entrée des jeunes taillis, d’où lui est venu sans doute le nom d’alouette de bois, quoiqu’il ne s’enfonce jamais dans les bois, au lieu que l’alouette ordinaire se tient dans les grandes plaines cultivées : il en diffère par son chant, qui ressemble beaucoup plus à celui du rossignol qu’à celui de l’alouette (a), et qu’il fait entendre non seulement le jour, mais encore la nuit, comme le rossignol, non seulement en volant, mais aussi étant perché sur une branche. M. Hébert a remarqué que les fifres des Cent-Suisses de la garde imitent assez exacte- ment le ramage du cujelier ; d’où l’on peut conclure, ce me semble, que cet oiseau est commun dans les montagnes de Suisse (b) comme il l’est dans celle du Bugey. Il diffère de l’alouette par la fécondité ; car quoique les hommes fassent moins la guerre au cujelier, sans doute comme étant une proie trop petite, et quoiqu’il ponde quatre ou cinq œufs comme l’alouette ordinaire, l’espèce est cependant moins nombreuse (c). Il en diffère par le temps de la ponte, car nous avons vu que l’alouette commune ne faisait pas

— Alauda non cristata, fusca. Barrère, Specim. nov., class. 3, g. 16, p. 40. — « Alauda rectricibus fuscis, primâ obliqué dimidiato-albâ, secundâ (alias secundâ, tertiâ, quartâque) maculâ cuneiformi albâ. » Linnæus, Fauna Suecica, n° 192. — « Alauda arborea, capite vittâ annulari albâ cincto. » Linnæus, Syst. nat., édit. XIII, p. 287. — En danois et en norwégien, skow-larke, heede-larke, lyng-larke. Muller, Zoologiæ Dan. prodr., n° 231. — « Alauda lineolâ superciliorum albâ, torque in collo pallido, caudâ brevissimâ ; » en autri- chien, ludlerche, waldlerche. Cramer, Elenchus Austr. inf., p. 362. — « Alauda supernè fusco et rufo-flavicante varia, infernè alba ; collo inferiore et pectore albo-flavicantibus, maculis fuscis insignitis ; uropygio griseo-olivaceo ; tæniâ supra oculos candidâ ; rectrice extimâ exteriùs et apice albâ... » Alauda arborea, l’alouette de bois ou le cujelier. Brisson, t. III, p. 340. — On l’appelle, en quelques cantons de la Bourgogne, pirouot ; en Sologne, coche- livier, cochelirieu, piénu, fiûteux, alouette flûteuse, lutheux, turlut, turlutoir, musette ; ailleurs, trelus, cotrelus ; en Saintonge, coutrioux ; à Nantes, alouette calandre, et par cor- ruption escarlande. Voyez Salerne, Hist. nat. des oiseaux, p. 190. Alouette de montagne, selon quelques-uns.

(a) Voyez Olina, Uccellaria, p. 27. Albin, Hist. nat. des oiseaux, t. Ier, p. 36, etc.

(b) J’apprends qu’il se trouve en effet dans les prairies les plus hautes de la Suisse. (c) British Zoology, p. 94.