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422 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

je dirais que l’avis de M. Frisch, qui fait venir toutes les alouettes blanches du Nord, me semble trop exclusif, et que la raison que M. Klein fait valoir contre cet avis n’est rien moins que décisive : en effet, l’observation prouve et prouvera qu’il y a des alouettes blanches ailleurs que dans le Nord ; mais il faut convenir aussi que les alouettes blanches qui se trouvent dans la partie du Nord où est la Norvège, la Suède, le Danemark, ont plus de facilité à se répandre de là dans la partie occidentale de l’Allemagne, laquelle n’est séparée de ces pays par aucune mer considérable, qu’à se rendre à l’embouchure de la Vistule, en traversant la mer Baltique. Quoi qu’il en soit, outre les alouettes blanches qui paraissent quelquefois aux environs de Berlin, suivant M. Frisch, on en a vu plusieurs fois aux environs de Hildesheim dans la basse Saxe (a). La blancheur de leur plumage est rarement pure : dans l’individu observé par M. Brisson, elle était mêlée d’une teinte de jaune ; mais le bec, les pieds et les ongles étaient tout à fait blancs. Dans le moment où j’écrivais ceci, on m’a apporté une alouette blanche qui avait été tirée sous les murailles de la petite ville que j’habite : elle avait le sommet de la tête et quelques places sur le corps de la couleur ordinaire ; le reste de la partie supérieure, compris la queue et les ailes, était varié de brun et de blanc, la plupart des plumes et même des pennes étant bordées de cette dernière couleur ; le dessous du corps était blanc moucheté de brun, surtout dans la partie intérieure et du côté droit ; le bec inférieur était aussi plus blanc que le supérieur, et les pieds d’un blanc sale varié de brun. Cet individu m’a semblé faire la nuance entre l’alouette ordinaire et celle qui est tout à fait blanche.

J’ai vu depuis une autre alouette dont tout le plumage était parfaitement blanc, excepté sur la tête où paraissaient quelques vestiges d’un gris d’alouette à demi effacé ; on l’avait trouvée dans les environs de Montbard ; il n’y a pas d’apparence que ni l’une ni l’autre de ces alouettes vint des côtes septentrio- nales de la mer Baltique.

II. — l’alouette noire (b).

Je regarde encore, avec M. Brisson, cette alouette comme une variété de l’alouette ordinaire, soit que ce changement de couleur soit un effet du chènevis, lorsqu’on le donne à ces oiseaux pour toute nourriture, soit qu’il ait une autre cause : l’individu que nous avons fait représenter avait du roux brun à la naissance du dos, et les pieds d’un brun clair.

Albin, qui a vu et décrit d’après nature cette variété, nous la représente comme étant partout d’un brun sombre et rougeâtre, tirant sur le noir ; par- tout, dis-je, excepté derrière la tête où il y avait du jaune rembruni, et sous le ventre où il y avait quelques plumes bordées de blanc ; les pieds, les doigts

(a) Voyez Collection académique étrangère, t. III, p. 240.

(b) The black-lark, alouette noire. Albin, Hist. nat. des oiseaux, t. III, p. 21, n° 51.