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L’ALOUETTE. 415

blanc à la queue et la contenance plus fière, qu’ils sont un peu plus gros (a), quoique cependant le plus pesant de tous ne pèse pas deux onces ; enfin qu’ils ont, comme dans presque toutes les autres espèces, le privilège ex- clusif du chant. Olina semble supposer qu’ils ont l’ongle postérieur plus long (b) ; mais je soupçonne, avec M. Klein, que cela dépend autant de l’âge que du sexe.

Lorsqu’aux premiers beaux jours du printemps ce mâle est pressé de s’unir à sa femelle, il s’élève dans l’air en répétant sans cesse son cri d’amour, et embrassant dans son vol un espace plus ou moins étendu, selon que le nombre de femelles est plus petit ou plus grand : lorsqu’il a découvert celle qu’il cherche, il se précipite et s’accouple avec elle. Cette femelle fécondée fait promptement son nid ; elle le place entre deux mottes de terre, elle le garnit intérieurement d’herbes, de petites racines sèches (c), et prend beau- coup plus de soin pour le cacher que pour le construire ; aussi trouve-t-on très peu de nids d’alouette relativement à la quantité de ces oiseaux (d). Chaque femelle pond quatre ou cinq petits œufs qui ont des taches brunes sur un fond grisâtre ; elle ne les couve que pendant quinze jours au plus, et elle emploie encore moins de temps à conduire et à élever ses petits : cette promptitude a souvent trompé ceux qui voulaient enlever des couvées qu’ils avaient découvertes, et Aldrovande tout le premier (e) : elle dispose aussi à croire, d’après le témoignage du même Aldrovande et d’Olina, qu’elles peu- vent faire jusqu’à trois couvées dans un été ; la première au commencement de mai, la seconde au mois de juillet, et la dernière au mois d’août (f) : mais si cela a lieu, c’est surtout dans les pays chauds, dans lesquels il faut moins de temps aux œufs pour éclore, aux petits pour arriver au terme où ils peuvent se passer des soins de la mère, et à la mère elle-même, pour recommencer une nouvelle couvée. En effet, Aldrovrande et Olina, qui par- lent des trois couvées par an, écrivaient et observaient en Italie ; Frisch, qui rend compte de ce qui se passe en Allemagne, n’en admet que deux, et Schwenckfeld n’en admet qu’une seule pour la Silésie.

Les petits se tiennent un peu séparés les uns des autres, car la mère ne les rassemble pas toujours sous ses ailes, mais elle voltige souvent au-dessus

qui se rendent à Paris, sont plus brunes que nos alouettes de Bourgogne. Quelques individus ont plus ou moins de roussâtre, plus ou moins de pennes de l’aile bordées de cette couleur.

(a) Albin, Hist. nat. des oiseaux, t. Ier, p. 35.

(b) Gessner assure avoir vu un de ces ongles long d’environ deux pouces, mais il ne dit pas si l’oiseau était mâle ou femelle. Aves, p. 81.

(c) Les chasseurs disent que le nid des alouettes est mieux construit que celui des cailles et des perdrix.

(d) Descript. of 300 animals, t. Ier, p. 118.

(e) « Matres pullos implumes adhuc in agros ad pastum educunt... quod me puerum adhuc sæpius fefellit ; cùm enim illos recèns exclusos et nudos ferè plumis observassem, post triduum ad nidum revertens evolasse jam repperi. » Aldrovande, t. II, p. 834.

(f) Aldrovande, ibidem. Olina, Uccelleria, p. 12.