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404 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

plus hauts arbres que ces oiseaux habitent, et où ils se sont retirés pour passer la nuit, qu’ils la font entendre. Il n’y a pas de saison bien marquée pour leurs amours : on les voit nicher, dit M. Deshayes, pendant les cha- leurs en automne, et même pendant les fraîcheurs de l’hiver, à Saint-Do- mingue (a), quoique le printemps soit la saison où ils font plus généralement leur couvée ; elle est de deux ou trois œufs, quelquefois quatre, de couleur blanchâtre tachetée de brun. Barrère fait de cet oiseau un guêpier, et lui donne le nom de petit-ric.

LE TYRAN DE LA CAROLINE (b)

TROISIÈME ESPÈCE.

Au caractère et à l’instinct que Catesby donne à cet oiseau (*) de la Caro- line, nous n’hésiterions pas d’en faire une même espèce avec celle du pipiri de Saint-Domingue : même hardiesse, même courage et mêmes habitudes naturelles (c) ; mais la couronne rouge que celui-ci porte au sommet de la tête l’en distingue, aussi bien que la manière de placer son nid, qu’il fait tout à découvert, sur des arbrisseaux ou des buissons, et ordinairement sur le sassafras ; au contraire le pipiri cache son nid ou même l’enfouit dans des trous d’arbres. Du reste, le tyran de la Caroline est à peu près de la même grosseur que le grand pipiri : son bec parait moins crochu ; Catesby dit seu- lement, qu’ll est large et plat, et qu’il va en diminuant. La tache rouge

(a) « Les pipiris à tête noire pondent très certainement en décembre. Nous ne pouvons affirmer si chaque femelle fait une couvée dans chaque saison, ni si ces pontes de l’hiver, qui paraissent extraordinaires, ne sont point occasionnées par des accidents, et destinées à réparer la perte des couvées faites dans la saison convenable. » Note communiquée par M. Deshayes.

(b) « Muscicapa coronâ rubrâ. » The tyrant ; le tyran de la Caroline. Catesby, Hist nat. of Carolina, t. Ier, p. 55. — « Turdus coronâ rubrâ. » Klein, Avi., p. 69, n° 25.

(c) « Le courage de ce petit oiseau est remarquable ; il poursuit et met en fuite tous les oiseaux, petits et grands, qui approchent de l’endroit qu’il s’est choisi : aucun n’échappe à sa furie, et je n’ai pas même vu que les autres oiseaux osassent lui résister lorsqu’il vole ; car il ne les attaque point autrement. J’en vis un qui s’attacha sur le dos d’une aigle, et la persécutait de manière que l’aigle se renversait sur le dos, tâchait de s’en délivrer par les différentes postures où elle se mettait en l’air, et enfin fut obligée de s’arrêter sur le haut d’un arbre voisin, jusqu’à ce que ce petit tyran fût las, ou jugeât à propos de la laisser. Voici la manœuvre ordinaire du mâle tandis que la femelle couve : il se perche sur la cime d’un buisson ou d’un arbrisseau près de son nid, et si quelque petit oiseau en approche, il lui donne la chasse ; mais pour les grands, comme les corbeaux, les faucons, les aigles, il ne leur permet pas de s’approcher de lui d’un quart de mille sans les attaquer. Son chant n’est qu’une espèce de cri qu’il pousse avec beaucoup de force pendant tout le temps qu’il se bat. Lorsque ses petits ont pris leur volée, il redevient aussi sociable que les autres Oiseaux. » Catesby, loco citato.

(*) Tyrannus intrepidus Vieill.