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400 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

Le troisième schet, ou le schet vouloulou, ne diffère presque du précédent que par les deux longues plumes de la queue, qui sont blanches ; le reste de son plumage étant rouge bai, comme celui du schet-all. Dans le schet-all du Cabinet du Roi ces deux pennes ont six pouces ; dans un autre individu que nous avons également mesuré elles en avaient huit, avec les barbes exté- rieures bordées de noir aux trois quarts de leur longueur, et le reste blanc ; dans un troisième, ces deux longues plumes manquaient, soit qu’un accident en eût privé cet individu, soit qu’il n’eût pas encore atteint l’âge où la nature les donne à son espèce, ou qu’il eût été pris dans le temps de la mue, qu’Edwards croit être de six mois de durée pour ces oiseaux (a).

Au reste, on les trouve à Ceylan et au cap de Bonne-Espérance, comme à Madagascar ; Knox les décrit assez bien (b) ; Edwards donne le troisième schet sous le nom (l’oiseau de Paradis pie (c), quoique ailleurs il relève une pareille erreur de Seba (d) ; en effet, ces oiseaux diffèrent des oiseaux de Paradis par autant de caractères qu’ils en ont qui les unissent au genre des moucherolles (e).

LES TYRANS

Le nom de tyran (*), donné à des oiseaux, doit paraître plus que bizarre. Suivant Belon, les anciens appelèrent le petit souci huppé, tyrannus, roi-

(a) « J’ai reçu cet oiseau (le schet-all) de Ceylan. M. Brisson l’appelle gobe-mouche huppé, et dit qu’il vient du cap de Bonne-Espérance ; mais certainement la figure qu’il en donne est imparfaite, en ce qu’on n’y trouve point les deux plumes de la queue, dont la grandeur est si remarquable. Je crois qu’il est naturel à quelques oiseaux qui ont ces longues plumes d’en manquer pendant six mois de l’année,... ce que j’ai vu dans la mue de quelques oiseaux de ce genre à longue queue, à Londres... Le gobe-mouche blanc huppé, décrit à la p. 414 du t. II de Brisson, est certainement le mâle de la même espèce. » Glanures, p. 245.

(b) Pied bird of Paradise. History of birds, p. 113.

(c) « Ici l’on trouve de petits oiseaux, pas beaucoup plus gros que les moineaux, très charmants à voir, mais d’ailleurs bons à rien que je sache. Quelques-uns de ces oiseaux sont blancs au corps comme de la neige, et ont des queues d’environ un pied, et leurs têtes sont noires comme le jayet, avec un plumet ou une touffe dont les plumes sont dres- sées sur la tête. Il y en a plusieurs autres de la même espèce, et dont la seule différence consiste dans la couleur, qui est d’orangé rougeâtre. Ces autres ont aussi une touffe de plumes noires dressées sur la tête ; je crois que les uns sont les mâles, et les autres les femelles d’une même espèce. » Histoire de Ceylan, par Robert Knox, Londres 1681, p. 27.

(d) Seba, vol. Ier, p. 48, oiseau de Paradis huppé très rare ; et p. 65, oiseau de Paradis d’Orient.

(e) La pie huppée à longue queue : the crested long tailed pic, des Glanures (p. 245, pl. 235) n’est encore que le second schet, où le roux est représenté rougeâtre ; mais la taille

(*) Les Tyrans (Tyrannus Cuv.) sont des Passereaux Dentirostes de la famille des Ty- rannides. Ils sont privés d’appareil musculaire vocal, leur bec est recourbé en crochet à l’ex- trémité et échancré.