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LE MOUCHEROLLE HUPPÉ. 395

bleuâtre, et l’estomac, ainsi que tout le dessous du corps sont blancs ; un manteau rouge bai vif en couvre tout le dessus jusqu’au bout de la queue ; celle queue est coupée en ovale et régulièrement étagée : les deux pennes du milieu étant les plus grandes, les autres s’accourcissent de deux en deux lignes ou de trois en trois, jusqu’à la plus extérieure, et de même dans la femelle.

Ce beau moucherolle est venu du cap de Bonne-Espérance ; on le trouve aussi au Sénégal et à Madagascar. ; selon M. Adanson (a), il habite sur les mangliers qui bordent les eaux dans les lieux solitaires et peu fréquentés du Niger et de la Gambra ; Seba place ce moucherolle au Brésil, en le ran- geant parmi les oiseaux de Paradis, et lui donnant le nom brésilien d’aca- macu (b), mais on sait assez que ce collecteur d’histoire naturelle a souvent donné aux choses qu’il décrit des noms empruntés sans discernement ; et d’ailleurs nous ne croirons pas qu’un oiseau, vu et reconnu aux rives du Niger par un excellent observateur tel que M. Adanson, soit en même temps un oiseau du Brésil : néanmoins, c’est uniquement sur la foi de Seba que M. Brisson l’y place, quoique lui-même observe l’erreur où il tombe, et remarque à la fin de ce prétendu gobe-mouche huppé du Brésil qu’appa- remment Seba se trompe en le nommant ainsi, et que cet oiseau nous vient d’Afrique et de Madagascar. Klein le prend pour une grive huppée (c), et Mohering pour un choucas (d). Exemple de la confusion dont la manie des méthodes a rempli l’histoire naturelle ; et, s’il en fallait un plus frappant, nous le trouverions encore sans quitter cet oiseau : c’était peu de l’avoir fait grive et choucas, M. Linnæus a voulu en faire un corbeau, et à cause de sa queue allongée un corbeau de Paradis (e) ; et c’est à son espèce blanche que M. Brisson applique la phrase où cet auteur fait de ce moucherolle un corbeau.

(a) Supplément de l’Encyclopédie, t. Ier.

(b) « Avis Paradisiaca Brasiliensis, seu cuiriri acamacu cristata. » Seba, t. II, p. 93, pl. 87, n° 2.

(c) Turdus cristatus. Klein, Avi., p. 70, n° 31.

(d) Monedula. Mohering, Avi., gen. 2, apud Brisson, t. II, p. 416.

(e) Brisson, supplément, p. 51. Le gobe-mouche blanc huppé du cap de Bonne-Espérance. « Corvus albo nigroque varius, caudâ cuneiformi ; remigibus intermediis longissimis, capite nigro cristato, corvus Parad isi. » Linnæus, Syst. nat., édit. X, gen. 48, sp. 2. C’est par erreur, et apparemment par confusion avec le schet de Madagascar, qu’on prête ici deux longues plumes à la queue du gobe-mouche blanc huppé du cap de Bonne-Espérance.