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LE SAVANA. 393

caractère les distingue des gobe-mouches, desquels ils diffèrent encore par le bec, qui est plus fort et un peu plus courbé en crochet à la pointe que celui des gobe-mouches.

LE SAVANA (a)

PREMIÈRE ESPÈCE.

Ce moucherolle (*) approche des tyrans par la grandeur, et il est repré- senté dans nos planches enluminées sous la dénomination de tyran à queue fourchue de Cayenne ; néanmoins son bec, plus faible et moins crochu que celui des tyrans, le réunit à la famille des moucherolles. On l’appelle veuve à Cayenne ; mais ce nom ayant été donné à un autre genre d’oiseaux, ne doit pas être adopté pour celui-ci, qui ne ressemble aux veuves que par sa longue queue : comme il se tient toujours dans les savanes noyées, le nom de savana nous a paru lui convenir. On le voit, perché sur les arbres, des- cendre à tout moment sur les mottes de terre ou les touffes d’herbes qui surnagent, hochant sa longue queue comme les lavandières ; il est gros comme l’alouette huppée ; les pennes de la queue sont noires ; les deux exté- rieures ont neuf pouces de longueur et s’écartent en fourche ; les deux qui les suivent immédiatement n’ont que trois pouces et demi, et les autres vont en décroissant jusqu’aux deux du milieu, qui n’ont qu’un pouce. Ainsi cet oiseau à qui, en le mesurant de la pointe du bec à celle de la queue, on trouve quatorze pouces, n’en a que six du bec aux ongles. Au sommet de la tête est une tache jaune, laquelle cependant manque à plusieurs individus, qui sont apparemment les femelles. Du reste, une coiffe noirâtre, courte et carrée, lui couvre le derrière de la tête ; au delà le plumage est blanc, et ce blanc remonte jusque sous le bec, et descend sur tout le devant et le dessous du corps ; le dos est d’un gris verdâtre, et l’aile brune. On voit ce mouche- rolle au bord de la rivière de la Plata et dans les bois de Montevideo, d’où il a été rapporté par M. Commerson.

(a) « Muscicapa supernè cinerea, infernè alba ; capite superiùs et ad latera nigro, pennis verticis in exortu luteis, rectricibus nigris, extimæ margine exteriore primâ medietate can- didâ ; caudâ maximè bifurcâ, » le tyran à queue fourchue, Brisson, Ornithol., t. II, p. 396.

(*) Muscicapa Tyrannus Gmel.