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LES GOBE-MOUCHERONS. 391

LES GOBE-MOUCHERONS

VINGT-QUATRIÈME ET VINGT-CINQUIÈME ESPÈCES.

Ici la nature a proportionné le chasseur à la proie ; les moucherons sont celle de ces petits oiseaux, que telle grosse mouche ou scarabée d’Amérique attaquerait avec avantage. Nous les avons au Cabinet du Roi, et leur descrip- tion sera courte. Le premier de ces gobe-moucherons (*) est plus petit qu’au- cun gobe-mouche ; il l’est plus que le souci, le plus petit des oiseaux de notre continent ; il en a aussi à peu près la figure et même les couleurs : un gris d’olive un peu plus foncé que celui du souci, et sans jaune sur la tête, fait le fond de la couleur de son plumage, quelques ombres faibles de ver- dâtre se montrent au bas du dos ainsi que sur le ventre, et de petites lignes d’un blanc jaunâtre sont tracées sur les plumes noirâtres et sur les couver- tures de l’aile ; on le trouve dans les climats chauds du nouveau continent.

La seconde espèce est celui que nous avons fait représenter dans nos plan- ches enluminées sous le nom de petit gobe-mouche tacheté de Cayenne (**), n° 831, figure 2 ; il est encore un peu plus petit que le premier ; tout le dessous du corps de ce très petit oiseau est d’un jaune clair tirant sur la couleur paille. C’est un des plus petits oiseaux de ce genre ; il a à peine trois pouces de longueur ; la tête et le commencement du cou sont partie jaunes et partie noirs, chaque plume jaune ayant dans son milieu un trait noir qui fait paraître les deux couleurs disposées par taches longues et alternatives ; les plumes du dos, des ailes et leurs couvertures sont d’un cendré noir et bordées de verdâtre ; la queue est très courte, l’aile encore plus ; le bec effilé se prolonge, ce qui porte toute la figure de ce petit gobe-mouche en avant, et lui donne un air tout particulier et très reconnaissable.

Nous ne pouvons mieux terminer l’histoire de tous ces petits oiseaux chasseurs aux mouches, que par une réflexion sur le bien qu’ils nous pro- curent ; sans eux, sans leur secours, l’homme ferait de vains efforts pour écarter les tourbillons d’insectes volants dont il serait assailli ; comme la quantité en est innombrable et leur pullulation très prompte, ils envahiraient notre domaine, ils rempliraient l’air et dévasteraient la terre si les oiseaux n’établissaient pas l’équilibre de la nature vivante, en détruisant ce qu’elle produit de trop. La plus grande incommodité des climats chauds est celle du tourment continuel qu’y causent les insectes : l’homme et les animaux ne peuvent s’en défendre ; ils les attaquent par leurs piqûres, ils s’opposent aux progrès de la culture des terres, dont ils dévorent toutes les productions

(*) Muscicapa minuta L.

(**) Muscicapa Pygmæa L.