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390 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

sâtre couvre les ailes et la queue, et s’éclaircit un peu au bord des petites barbes des pennes ; un beau jaune orangé couvre la poitrine et le ventre ; cette couleur éclatante distingue ce gobe-mouche de tous les autres. Quoique les plumes jaunes dorées du sommet de la tête paraissent devoir se relever au gré de l’oiseau, comme nous le remarquons dans nos petits soucis d’Eu- rope ; cependant on ne peut pas proprement nommer celui-ci gobe-mouche huppé, puisque ces plumes, habituellement couchées, ne forment pas une véritable huppe, mais un simple couronnement qui ne se relève et ne parait que par instant.

LE ROI DES GOBE-MOUCHES

VINGT-TROISIÈME ESPÈCE.

On a donné à cet oiseau (*) le nom de roi des gobe-mouches, à cause de la belle couronne qu’il porte sur la tête, et qui est posée transversalement, au lieu que les huppes de tous les autres oiseaux sont posées longitudinalement. La figure, dans la planche enluminée, ne rend pas assez sensible cette posi- tion transversale de la couronne ; elle est composée de quatre à cinq rangs de petites plumes arrondies, étalées en éventail sur dix lignes de largeur, toutes d’un rouge bai très vif, et toutes terminées par un petit œil noir, en sorte qu’on la prendrait pour la miniature d’une queue de paon.

Cet oiseau a aussi la forme singulière et paraît rassembler les traits des gobe-mouches, des moucherolles et des tyrans ; il n’est guère plus gros que le gobe-mouche d’Europe, et porte un bec disproportionné, très large, très aplati, long de dix lignes, hérissé de soies qui s’étendent jusqu’à sa pointe qui est crochue ; le reste ne répond point à cette arme, le tarse est court, les doigts sont faibles ; l’aile n’a pas trois pouces de longueur, la queue pas plus de deux. On voit sur l’œil un petit sourcil blanc ; la gorge est jaune ; un col- lier noirâtre ceint le cou et se rejoint à cette teinte qui couvre le dos, et se change sur l’aile en brun fauve foncé ; les pennes de la queue sont bai clair ; la même couleur, mais plus légère, teint le croupion et le ventre, et le blan- châtre de l’estomac est traversé de noirâtre en petites ondes. Ce roi des gobe-mouches est très rare ; on n’en a encore vu qu’un seul apporté de Cayenne, où même il ne parait que rarement.

(*) Todus regius Gmel.