Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome VI.djvu/411

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE GOBE-MOUCHE A VENTRE JAUNE. 389

C’est une chose désolante que cette contrariété d’objets sous une même dénomination, à quoi rien n’est comparable que la contrariété de dénomi- nation sur le même objet, non moins fréquente chez les nomenclateurs : quoi qu’il en soit, le gobe-mouche roux de Cayenne a, selon M. Brisson, huit pouces de longueur, et le nôtre n’en a que cinq : voyez en outre la différence des couleurs, en comparant sa phrase avec notre description (a). Au reste, le gobe-mouche roux à poitrine orangée, dont nous avons donné ci-devant la description, ne diffère de celui-ci par aucun autre caractère essentiel que par la grandeur, car sans cela on pourrait le regarder comme une variété de sexe, d’autant plus que dans ce genre les femelles sont communément plus grandes que les mâles ; car si cette différence dans la grandeur était produite par l’âge, et que le plus petit de ces deux oiseaux fut en effet le plus jeune, la tache orangée qu’il porte sur la poitrine serait moins vive que dans l’adulte.

LE GOBE-MOUCHE A VENTRE JAUNE (b)

VINGT-DEUXIÈME ESPÈCE.

Ce beau gobe-mouche (*) habite en Amérique le continent et les îles ; celui que représente la planche enluminée venait de Cayenne ; un autre a été envoyé de Saint-Domingue au Cabinet, sous le nom de gobe-mouche huppé de Saint-Domingue. Nous croyons apercevoir entre ces deux individus la différence du mâle à la femelle. Celui qui est venu de Saint-Domingue paraît être le mâle ; il a le jaune doré du sommet de la tête beaucoup plus vif et plus large que l’autre, où ce jaune plus faible se montre à peine à travers les plumes noirâtres de cette partie de la tête. Du reste, ces deux oiseaux se ressemblent, ils sont un peu moins gros que le rossignol ; leur longueur est de cinq pouces huit lignes ; le bec, à peine courbé à la pointe, a huit lignes ; la queue deux pouces et demi ; l’aile pliée ne l’atteint pas à moitié ; la tache orangée de la tête est bordée de cendré noirâtre, une bande blanche traverse la tempe sur les yeux, au-dessous desquels prend une tache du même cendré noirâtre qui vient se confondre dans le brun roussâtre du dos ; ce brun rous-

(a) « Muscicapa supernè rufo-rufescens, infernè dilutè rufa ; capite, gutture et collo sa- turatè cinereis ; pennis in gutture et collo inferiore albido marginatis, pectore, uropygio et rectricibus splendidè rufis, » le gobe-mouche roux de Cayenne. Brisson, supplément, p. 51.

(b) « Muscicapa supernè fusca, marginibus pennarum olivaceis, infernè lutea, pennis ver- ticis in exortu flavo-aurantiis ; tæniâ supra oculos albâ ; rectricibus supernè fuscis, margi- nibus rufis, infernè fusco-olivaceis, » le gobe-mouche de Cayenne. Brisson, Ornithol., t. II, page 404.

(*) Muscicapa cayennensis Gmel.