388 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.
petites plumes effilées d’un beau rouge cramoisi se hérisse et s’étale en rayons sur sa tête ; le même rouge reprend sous le bec, couvre la gorge, la poitrine, le ventre, et va s’étendre aux couvertures de la queue ; un cendré brun, coupé de quelques ondes blanchâtres au bord des couvertures et même des pennes, couvre tout le dessus du corps et les ailes ; le bec, très aplati, a sept lignes de longueur ; la queue deux pouces ; elle dépasse les ailes de dix lignes, et la longueur totale de l’oiseau est de cinq pouces et demi. M. de Commerson l’avait nommé mésange cardinal ; mais ce petit oiseau étant encore moins cardinal que mésange, nous lui avons donné un nom immédia- tement relatif à la vivacité de sa couleur (a). Ce serait, sans contredit, un des plus jolis oiseaux que l’on pût renfermer en cage ; mais la nature, dans le genre de nourriture qu’elle lui a prescrite, paraît l’avoir éloigné de toute vie commune avec l’homme, et lui avoir assuré, après le plus grand des biens, le seul qui en répare la perte, la liberté ou la mort.
LE GOBE-MOUCHE ROUX DE CAYENNE
VINGT ET UNIÈME ESPÈCE.
Ce gobe-mouche (*), long de cinq pouces et demi, est à peu près de la grosseur du rossignol : il est sur tout le dessus du corps d’un beau roux clair qui a du feu ; cette teinte s’étend jusque sur les petites pennes de l’aile, qui, couvrant les grandes lorsqu’elle est pliée, n’y laissent voir qu’un petit triangle noir, formé par leur extrémité : une tache brune couvre le sommet de la tête ; tout le devant et le dessous du corps est blanchâtre, avec quel- ques teintes légèrement ombrées de roux ; là queue, qui est carrée, s’étale ; le bec large, court et robuste, et dont la pointe est recourbée, fait nuance à cet égard entre les gobe-mouches et les tyrans. Nous ne savons si l’on doit rapporter à cette espèce le gobe-mouche roux de Cayenne de M. Brisson.
nat., édit. X, g. 99, sp. 15. — « Muscicapa supernè nigra, infernè alba ad aurantium ver- gens ; pectore aurantio ; remigibus minoribus primâ medietate aurantiis ; rectricibus quatuor extimis aurantiis, apice nigris (Mas). — Muscicapa supernè iusca, infernè albâ ad luteum vergens ; pectore luteo ; remigibus minoribus primâ medietate luteis ; rectricibus quatuor extimis luteis apice fuscis (Fœmina), » le gobe-mouche d’Amérique. Brisson, Or- nithol., t. II, p. 383.
(a) Nous trouvons une figure de cet oiseau parmi les dessins rapportés du pays des Ama- zones, par M. de la Condamine. Cet oiseau, suivant une note au bas de ce dessin, s’appelle, en espagnol, putillas. La femelle qui est représentée avec le mâle n’a point de huppe : tout le beau de son plumage est plus faible ; et on ne lui voit, partout où le mâle est rouge, que quelques traits affaiblis de cette couleur, sur un fond blanchâtre.
(*) Muscicapa rufescens Gmel.
