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378 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

noir un petit frangé blanc ; et sur le blanc de tout le plumage régnent de petites ombres noires, d’une teinte si transparente et si légère que, sans avoir de brillantes couleurs, ce petit oiseau est plus paré que d’autres ne le paraissent être avec des teintes d’éclat et de riches nuances.

LE GOBE-MOUCHE HUPPÉ DU SÉNÉGAL (a)

CINQUIÈME ESPÈCE.

Avec le gobe-mouche huppé du Sénégal (*) est représenté, dans la même planche, n° 573 (fig. 1), un gobe-mouche huppé de l’île de Bourbon (b) (**), que nous ne séparerons pas du premier, persuadés qu’il n’en est qu’une variété. L’île de Bourbon, jetée au milieu d’un vaste océan, située entre les tropiques, dont le climat constant n’a pas d’oiseaux inquiets ni voyageurs, n’était peuplée d’aucun oiseau de terre lorsque les premiers vaisseaux euro- péens y abordèrent. Ceux qu’elle nourrit à présent y ont été transportés, soit à dessein, soit par hasard : ce n’est donc pas dans cette île qu’il faut chercher les espèces originaires (c), et trouvant ici dans le continent l’analogue de l’oiseau de l’île, nous n’hésitons pas d’y rapporter ce dernier. En effet, il y a entre ces deux gobe-mouches des différences qui n’excèdent pas celles que l’âge ou le sexe produisent en diverses espèces de leur genre ; et plusieurs ressemblances qui, dans tous les genres, font juger les espèces comme très voisines. La figure, la grosseur, les masses de couleur sont les mêmes. Tous

(a) « Muscicapa cristata, supernè castanea, infernè saturatè cinerea ; capite et collo infe- riore nigro-virescentibus ; rectricibus castaneo-purpureis : » le gobe-mouche huppé du Sé- négal. Brisson, Ornithol., t. II, p. 422.

(b) « Muscicapa cristata, supernè dilutè spadicea, infernè cinerea : capite nigro virides- cente (Mas), cinereo (Fœmina) ; rectricibus dilutè spadiceis, fusco mixtis : » le gobe-mouche huppé de l’île de Bourbon. Brisson. Ornithol., t. II, p. 420.

(c) Nous trouvons encore deux gobe-mouches de l’île de Bourbon que nous ne ferons qu’indiquer, convaincus qu’ils appartiennent à quelque espèce du continent de l’Afrique : l’un est représenté dans nos planches enluminées n° 562, fig. 3, il est petit et tout noir, à un peu de roux près sous la queue : et malgré la différence de couleur, on pourrait penser qu’il se rapporte, comme variété, aux gobe-mouches du Cap, que nous avons déjà rapprochés de notre gobe-mouche noir à collier : ces diversités de plumages n’étant apparemment pas autres que celles par où nous le voyons passer lui-même, et que l’influence d’un climat plus chaud doit encore rendre plus étendues et plus rapides, dans un naturel qui se montre d’ailleurs si facile à les subir. M. Brisson indique par la phrase suivante le troisième gobe-mouche de l’île de Bourbon, auquel il dit que les habitants donnent le nom de tecteo : « Muscicapa supernè fusca, oris pennarum rufrescentibus, infernè rufescens (Mas), sordidè alba (Fœmina) ; rectricibus saturatè fuscis oris exterioribus dilutiùs fuscis. » Ornithol., t. II, p. 360.

(*) Muscicapa cristata Gmel.

(**) Muscicapa borbonica Gmel.