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374 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

lignes de hauteur environne son cou, qui est du plus beau noir, ainsi que la tête, à l’exception du front et de la face, qui sont d’un très beau blanc ; le dos et la queue sont du noir de la tête ; le croupion est varié de noir et de blanc ; un trait blanc large d’une ligne borde, sur quelque longueur, la penne la plus extérieure de la queue près de son origine ; les ailes, composées de dix-sept pennes, sont d’un marron foncé ; la troisième penne et les quatre suivantes sont terminées par un brun beaucoup plus clair, ce qui, l’aile étant pliée, fait un très bel effet : toutes les pennes, excepté les deux pre- mières, ont sur le côté extérieur une tache blanche qui augmente à mesure qu’elle approche du corps ; en sorte que le côté extérieur de la dernière penne est entièrement de cette couleur ; la gorge, la poitrine et le ventre sont blancs, le bec et les pieds noirs : un lustre et une fraîcheur singulière relèvent tout ce plumage ; mais ces beautés disparaissent dès le commence- ment de juillet ; les couleurs deviennent faibles et brunissent, le collier s’évanouit le premier, et tout le reste bientôt se ternit et se confond. Alors l’oiseau mâle est tout à fait méconnaissable ; il perd son beau plumage dans les premiers jours de juillet. « J’ai été trouver plusieurs fois, dit M. Lottin-

ger, des oiseleurs qui avaient des tendues sur des fontaines, dans des lieux où nichent ces oiseaux, et quoique ce ne fût qu’en juillet, ils me di- rent qu’ils prenaient fréquemment des femelles, mais pas un seul mâle, » tant les mâles étaient devenus semblables aux femelles. C’est aussi sous leur livrée qu’ils reviennent avec elles dans leur retour au printemps ; mais M. Lottinger ne nous décrit pas, avec le même détail, l’habit que ce gobe- mouche prend dans son passage aux provinces méridionales, je veux dire le quatrième changement qui lui donne l’apparence de becfigue. Aldrovande parait indiquer le changement de ce gobe-mouche qu’il a bien désigné ail- leurs (a), lorsque, le rappelant de nouveau parmi les becfigues (b), il dit l’avoir surpris dans l’instant même de sa métamorphose, et où il n’était ni bec figue ni tête noire. Il avait déjà cependant, ajoute-t-il, le collier blanc, la tache blanche au front, du blanc dans la queue et sur l’aile, le dessous du corps blanc et le reste noir : à ces traits le gobe-mouche à collier est pleinement reconnaissable.

Cet oiseau arrive en Lorraine vers le milieu d’avril. Il se tient dans les forêts, surtout dans celles de haute futaie ; il y niche dans des trous d’arbre, quelquefois assez profonds, et à une distance de terre assez considérable ; son nid est composé de petits brins d’herbe et d’un peu de mousse qui couvre le fond du trou où il s’est établi : il pond jusqu’à six œufs. Lorsque les petits

(a) Tome II, p. 735. Il décrit le collier : in collo macula alba est velus torquis... et la tache blanche de l’aile : item alia in medio alarum... Il parle de la beauté de ce petit oiseau : in summâ pulcra avicula est... et la grandeur qu’il lui donne convient à notre gobe-mouche noir ; il est connu, ajoute-t-il, des oiseleurs bolonais qui l’ont nommé peglia-mosche.

(b) « Ficedula sive atricapilla sese mutans, » t. II, p. 758.