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372 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

ronné de poils ; tout le plumage n’est que de trois couleurs, le gris, le blanc et le cendré noirâtre ; la gorge est blanche ; la poitrine et le cou, sur les côtés, sont tachetés d’un brun faible et mal terminé ; le reste du dessous du corps est blanchâtre ; le dessus de la tête paraît varié de gris et de brun ; toute la partie supérieure du corps, la queue et l’aile sont brunes ; les pennes et leurs couvertures sont légèrement frangées de blanchâtre.

Les gobe-mouches arrivent en avril et partent en septembre. Ils se tien- nent communément dans les forêts, où ils cherchent la solitude et les lieux couverts et fourrés ; on en rencontre aussi quelquefois dans les vergers épais. Ils ont l’air triste, le naturel sauvage, peu animé et même assez stupide ; ils placent leur nid tout à découvert, soit sur les arbres, soit sur les buissons ; aucun oiseau faible ne se cache aussi mal, aucun n’a l’instinct si peu décidé ; ils travaillent leurs nids différemment ; les uns le font entiè- rement de mousse, et les autres y mêlent de la laine ; ils emploient beaucoup de temps et de peines pour faire un mauvais ouvrage, et l’on voit quelquefois ce nid entrelacé de si grosses racines qu’on n’imaginerait pas qu’un ouvrier aussi petit pût employer de tels matériaux. Il pond trois ou quatre œufs et quelquefois cinq, couverts de taches rousses.

Ces oiseaux prennent le plus souvent leur nourriture en volant, et ne se posent que rarement et par instants à terre, sur laquelle ils ne courent pas. Le mâle ne diffère de la femelle qu’en ce qu’il a le front plus varié de brun, et le ventre moins blanc. Ils arrivent en France au printemps, mais les froids qui surviennent quelquefois vers le milieu de cette saison leur sont funestes. M. Lottinger remarque qu’ils périrent presque tous dans les neiges qui tombèrent en Lorraine en avril 1767 et 1772, et qu’on les prenait à la main. Tout degré de froid qui abat les insectes volants dont cet oiseau fait son unique nourriture devient mortel pour lui : aussi abandonne-t-il nos contrées avant les premiers froids de l’automne, et on n’en voit plus dès la fin de septembre. Aldrovande dit qu’il ne quitte point le pays (a), mais cela doit s’entendre de l’Italie ou des pays encore plus chauds.

(a) « Numquam avolare, » t. II, p. 738.