Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome VI.djvu/388

Cette page n’a pas encore été corrigée

368 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

n° 829 ; il est le plus petit des oiseaux de ce genre, n’ayant que huit à neuf pouces de longueur, et n’étant pas plus gros qu’une perdrix ; sa chair est aussi bonne à manger que celle des autres espèces, mais il ne pond que cinq ou six œufs, et quelquefois trois ou quatre un peu plus gros que des œufs de pigeon ; ils sont presque sphériques et blancs comme ceux des poules. Les souïs ne font pas comme les magouas leur nid en creusant la terre, ils le construisent sur les branches les plus basses des arbrisseaux, avec des feuilles étroites et longues ; ce nid de figure hémisphérique est d’en- viron six pouces de diamètre et cinq pouces de hauteur. C’est la seule des quatre espèces de tinamous qui ne reste pas constamment dans les bois, car ceux-ci fréquentent souvent les halliers, c’est-à-dire les lieux anciennement défrichés ; et qui ne sont couverts que de petites broussailles ; ils s’appro- chent même des habitations.

Le souï a la gorge variée de blanc et de roux ; tout le dessous du corps et les couvertures des jambes d’un roux clair ; le dessus de la tête et le haut du cou noirs ; le bas du cou, le dos et tout le dessus du corps d’un brun varié de noirâtre peu apparent ; les couvertures supérieures et les pennes moyennes des ailes sont brunes, bordées de roux ; les grandes pennes des ailes sont brunes, sans aucunes taches ni bordures ; la queue dépasse les ailes pliées de dix lignes, et elle est dépassée elle-même par ses couvertures.

LE TOCRO OU PERDRIX DE LA GUIANE

Le tocro (*) est un peu plus gros que notre perdrix grise, et son plumage est d’un brun plus foncé : du reste il lui ressemble en entier, tant par la figure et la proportion du corps que par la brièveté de la queue, la forme du bec et des pieds. Les naturels de la Guiane l’appellent tocro, mot qui ex- prime assez bien son cri.

Ces perdrix du nouveau continent ont à peu près les mêmes habitudes naturelles que nos perdrix d’Europe : seulement elles ont conservé l’habitude de se tenir dans les bois, parce qu’il n’y avait point de lieux découverts avant les défrichements ; elles se perchent sur les plus basses branches des arbrisseaux, et seulement pour y passer la nuit ; ce qu’elles ne font que pour éviter l’humidité de la terre et peut-être les insectes dont elle fourmille : elles produisent ordinairement douze ou quinze œufs qui sont tout blancs ; la chair des jeunes est excellente, cependant sans fumet. On mange aussi les vieilles perdrix, dont la chair est même plus délicate que celle des nôtres ; mais comme on ne peut pas les garder plus de vingt-quatre heures avant de

(*) Tetrao guyanensis Gmel. Nous savons déjà que les Tetrao sont des Gallinacés.