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358 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

étonner dans les oiseaux que dans les animaux quadrupèdes, car les oiseaux ont plus de facilité de produire ces sons sourds, parce qu’ils ont des pou- mons et des réservoirs d’air bien plus grands à proportion que les autres animaux ; et comme le corps entier des oiseaux est plus perméable à l’air, ces sons peuvent aussi sortir et se faire entendre d’une manière plus sen- sible ; en sorte que cette faculté, au lieu d’être particulière à l’agami, doit être regardée comme une propriété générale que les oiseaux exercent plus ou moins, et qui n’a frappé dans l’agami et le hocco que par la profondeur du lieu où se produit ce son, au lieu qu’on n’y a point fait attention dans les coqs d’Inde, les pigeons, et dans d’autres où il se produit plus à l’extérieur, c’est-à-dire dans la poitrine ou dans le voisinage de la gorge (*).

A l’égard des habitudes de l’agami, dans l’état de domesticité, voici ce qu’en dit M. Wosmaër : « Quand ces oiseaux sont entretenus avec propreté, ils se tiennent aussi fort nets, et font souvent passer par leur bec les plumes du corps et des ailes : lorsqu’ils joutent quelquefois entre eux, cela se fait tout en sautant, et avec d’assez forts mouvements et battements d’ailes. La différence du climat et des aliments amortit certainement ici (en Hollande) leur ardeur naturelle pour la propagation, dont ils ne donnent que de très faibles marques. Leur nourriture ordinaire est du grain, tel que le blé-sarrasin, etc. ; mais ils mangent aussi fort volontiers de petits pois- sons, de la viande et du pain. Leur goût pour le poisson et leurs jambes passablement longues font assez voir qu’en ceci ils tiennent encore de la nature des hérons et des grues, qu’ils sont amis des eaux et qu’ils appar- tiennent à la classe des oiseaux aquatiques. » Nous ferons remarquer ici que ce goût pour le poisson n’est pas une preuve, puisque les poules en sont aussi friandes que de toute autre nourriture. « Ce que Pistorius nous raconte, continue M. Wosmaër, de la reconnaissance de cet oiseau, peut faire honte à bien des gens. Cet oiseau, dit-il, est reconnaissant quand on l’a appri- voisé, et distingue son maître ou bienfaiteur par-dessus tout autre ; je l’ai expérimenté moi-même, en ayant élevé un tout jeune. Lorsque le matin j’ouvrais sa cage, cette caressante bête me sautait autour du corps, les deux ailes étendues, trompetant (c’est ainsi que plusieurs croient devoir exprimer ce son) du bec et du derrière, comme si, de cette manière, il voulait me souhaiter le bonjour ; il ne me faisait pas un accueil moins af- fectueux quand j’étais sorti et que je revenais au logis ; à peine m’aperce- vait-il de loin qu’il courait à moi, bien que je fusse même dans un bateau,

(*) D’après Pœppig, la trachée-artère qui, dans sa moitié supérieure, a le diamètre d’une plume de cygne, se rétrécit à son entrée dans la cage thoracique ; elle est en continuation avec deux sacs latéraux membraneux, hémisphériques ; celui de droite, plus volumineux, semble divisé en trois ou quatre chambres. Les mouvements de la cage thoracique font passer l’air dans ces sacs, au travers d’une étroite ouverture, et c’est son passage à l’entrée et peut-être aussi à la sortie, qui produit ce bruit singulier. »