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ce qui donna l’idée à M. Edwards que c’était un de ces oiseaux de passage qui quittent chaque année le continent de l’Amérique septentrionale aux approches de l’hiver, et partent du cap de la Floride pour aller passer cette saison dans des climats plus doux. Cette conjecture a été justifiée par l’observation ; car M. Bartram a mandé ensuite à M. Edwards que ces oiseaux arrivaient en Pensylvanie au mois d’avril, et qu’ils y demeuraient tout l’été ; il ajoute que la femelle bâtit son nid à terre, ou plutôt dans des tas de feuilles sèches, où elle fait une espèce d’excavation en manière de four ; qu’elle le matelasse avec de l’herbe, qu’elle l’établit toujours sur le penchant d’une montagne, à l’exposition du midi, et qu’elle y pond cinq œufs blancs mouchetés de brun. Cette différence dans la couleur des œufs, dans celle du plumage, dans la manière de nicher, à terre et non sur les arbres, quoique les arbres ne manquent point, semble indiquer une nature fort différente de celle de nos grives d’Europe.

VI.Le petit merle huppé de la Chine[NdÉ 1].

Je place encore cet oiseau entre les grives et les merles, parce qu’il a le port et le fond des couleurs des grives sans en avoir les grivelures, que l’on regarde généralement comme le caractère distinctif de ce genre. Les plumes du sommet de la tête sont plus longues que les autres, et l’oiseau peut, en les relevant, s’en former une huppe. Il a une marque couleur de rose derrière l’œil ; il en a une plus considérable de même couleur, mais moins vive sous la queue, et ses pieds sont d’un brun rougeâtre ; en sorte que ce sera, si l’on veut, dans l’espèce des grives, le pendant du merle couleur de rose. Sa grosseur est à peu près celle de l’alouette, et les ailes, qui, déployées, lui font une envergure d’environ dix pouces, ne s’étendent guère, dans leur repos, qu’à la moitié de la queue. Cette queue est composée de douze pennes étagées. Le brun plus ou moins foncé est la couleur dominante du dessus du corps, compris les ailes, la huppe et la tête ; mais les quatre pennes latérales de chaque côté de la queue sont terminées de blanc ; le dessous du corps est de cette dernière couleur, avec quelques teintes de brun au-dessus de la poitrine : je ne dois point omettre deux traits noirâtres qui, partant des coins du bec, et se prolongeant en arrière sur un fond blanc, font à cet oiseau une espèce de moustache dont l’effet est marqué.


  1. Cuvier considère cet oiseau comme voisin des Pies-grièches. Il a reçu de Linné le nom de Turdus jocosus. [Note de Wikisource : On l’appelle actuellement Pycnonotus jocosus Linnæus, vulgairement bulbul orphée ; il n’est pas de la famille des turdidés. Les fauvettes, bulbuls et garrulax appartiennent à des familles très proches entre elles, mais très distinctes de celle des turdidés.]