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LE GRAND BEFFROI. 345

certainement pas un merle ; par sa forme extérieure il doit se rapporter au genre des fourmilliers : nous ne connaissons cependant pas ses habitudes naturelles. Il est assez rare à la Guiane, d’où néanmoins il a été envoyé à M. Mauduit.

LE GRAND BEFFROI

TROISIÈME ESPÈCE.

Ce n’est que par comparaison avec un autre plus petit que nous donnons à cet oiseau (*) l’épithète de grand, car sa longueur totale n’est que de six pouces et demi ; sa queue, longue de seize lignes, dépasse de six lignes les ailes pliées ; le bec, long de onze lignes, est noir en dessus et blanc en des- sous, large à sa base de trois lignes et demie ; les pieds ont dix-huit lignes de longueur, et sont, ainsi que les doigts, d’une couleur plombée claire.

La planche enluminée, n° 706, représente les couleurs du plumage, mais les teintes en varient presque dans chaque individu ; les dimensions varient de même (a), et nous venons d’en présenter le terme moyen.

Dans cette espèce les femelles sont beaucoup plus grosses que les mâles, et plus à proportion que dans la première espèce ; c’est un rapport que tous les fourmilliers ont avec les oiseaux de proie, dont les femelles sont plus grosses que les mâles.

Ce qui distingue plus particulièrement cet oiseau, auquel nous avons donné le nom de beffroi, c’est le son singulier qu’il fait entendre le matin et le soir ; il est semblable à celui d’une cloche qui sonne l’alarme. Sa voix est si forte qu’on peut l’entendre à une grande distance, et l’on a peine à s’imaginer qu’elle soit produite par un oiseau de si petite taille. Ces sons, aussi préci- pités que ceux d’une cloche sur laquelle on frappe rapidement, se font entendre pendant une heure environ ; il semble que ce soit une espèce de rappel comme celui des perdrix, quoique ce bruit singulier se fasse entendre en toutes saisons et tous les jours les matins au lever du soleil, et les soirs avant son coucher, mais on doit observer que comme la saison des amours n’est pas fixée dans ces climats, les perdrix, ainsi que nos fourmilliers, se rappellent dans tous les temps de l’année.

Au reste, le roi des fourmilliers et le beffroi sont les seuls oiseaux de ce genre dont la chair ne soit pas mauvaise à manger.

(a) Dans quelques individus la partie supérieure du bec, quoique échancrée et un peu cro- chue, ne passe pas l’inférieure.

(*) Myiothera tinniens Illig.