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LE ROI DES FOURMILLIERS. 343

à un petit nombre, il est rare, dis-je, de trouver dans aucune des autres deux individus qui se ressemblent parfaitement, et l’on peut présumer que ces variétés si multipliées proviennent de la facilité que les petites espèces ont de se mêler et de se produire ensemble : de sorte qu’on ne doit les regarder pour la plupart que comme de simples variétés, et non pas comme des espèces distinctes et séparées.

Tous ces oiseaux ont les ailes et la queue fort courtes, ce qui les rend peu propres pour le vol ; elles ne leur servent que pour courir et sauter légère- ment sur quelques branches peu élevées, on ne les voit jamais voler en plein air ; ce n’est pas faute d’agilité, car ils sont très vifs et presque toujours en mouvement ; mais c’est faute des organes ou plutôt des instruments néces- saires à l’exécution du vol, leurs ailes et leur queue étant trop courtes pour pouvoir les soutenir et les diriger dans un vol élevé et continu.

La voix des fourmilliers est aussi très singulière ; ils font entendre un cri qui varie dans les différentes espèces, mais qui dans plusieurs a quelque chose de fort extraordinaire, comme on le verra dans la description de chaque espèce particulière.

Les environs des lieux habités ne leur conviennent pas ; les insectes dont ils font leur principale nourriture, détruits ou éloignés par les soins de l’homme s’y trouvent avec moins d’abondance ; aussi ces oiseaux se tien- nent-ils dans les bois épais et éloignés, et jamais dans les savanes ni dans les autres lieux découverts, et encore moins dans ceux qui sont voisins des habitations. Ils construisent avec des herbes sèches assez grossièrement entrelacées, des nids hémisphériques de deux, trois et quatre pouces de diamètre, selon leur propre grandeur ; ils attachent ces nids ou les suspen- dent, par les deux côtés, sur des arbrisseaux à deux ou trois pieds au-dessus de terre : les femelles y déposent trois à quatre œufs presque ronds.

La chair de la plupart de ces oiseaux n’est pas bonne à manger, elle a un goût huileux et désagréable, et le mélange digéré des fourmis et des autres insectes qu’ils avalent exhale une odeur infecte lorsqu’on les ouvre.

LE ROI DES FOURMILLIERS

PREMIÈRE ESPÈCE.

Celui-ci (*) est le plus grand et le plus rare de tous les oiseaux de ce genre ; on ne le voit jamais en troupes et très rarement par paires, et comme il est presque toujours seul parmi les autres, qui sont en nombre, et qu’il est plus grand qu’eux, on lui a donné le nom de roi des fourmilliers : nous

(*) Myiothera Rex Illig. (Turdus Rex L.).