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340 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

et des insectes qui leur servent de nourriture. De temps en temps ils crient tous à la fois, mettant un intervalle entre chaque cri ; ce cri, peu agréable en lui-même, est un renseignement précieux pour les voyageurs égarés, perdus dans les immenses forêts de la Guiane ; ils sont sûrs de trouver une rivière .en allant à la voix des guirarous.

L’individu observé par M. de Manoncour avait neuf pouces et demi de lon- gueur totale ; son bec douze lignes de long, sept de large, cinq d’épaisseur à la base ; il était entouré de barbes ; la queue était carrée, elle avait quatre pouces de long et dépassait les ailes de deux pouces et demi ; le tarse avait un pouce comme le bec (a).

VARIÉTÉ DU GUIRAROU

Je n’en connais qu’une seule (*), c’est l’oiseau représenté dans les planches enluminées, n° 699, sous le nom de cotingas gris ; et nous soupçonnons, M. Daubenton et moi, que c’est une variété d’âge, parce qu’il est plus petit, n’ayant que sept pouces et demi de longueur totale, et que sa queue est un peu plus courte, ne dépassant les ailes que de la moitié de sa longueur : d’ailleurs, je remarque que toutes ses autres différences sont en moins ou par défaut ; il n’a ni la bande noire sur les yeux, ni la queue bordée de blanc, ni ses couvertures supérieures blanches ; les pennes des ailes sont bordées de blanc, mais elles sont moins noirâtres, et celles de la queue moins noires que dans le guirarou.

LES FOURMILLIERS

Dans les terres basses, humides et mal peuplées du continent de l’Amé- rique méridionale, les reptiles et les insectes semblent dominer, par le nombre, sur toutes les autres espèces vivantes. Il y a dans la Guiane et au Brésil (b) des fourmis en si grand nombre que pour en avoir une idée il faut

(a) Je dois tous ces détails à M. de Manoncour.

(b) C’est la même chose dans plusieurs autres endroits de l’Amérique méridionale. Pison rapporte qu’au Brésil et même dans les terres humides du Pérou, la quantité de fourmis était si grande, qu’elles détruisaient tous les grains que l’on confiait à la terre, et que, quoiqu’on employât pour les détruire le feu et l’eau, on ne pouvait en venir à bout. Il ajoute qu’il serait fort à désirer que la nature eût placé dans ces contrées beaucoup d’espèces d’animaux sem- blables au tamanoir et au tamandua, qui fouillent profondément avec leurs griffes les énormes fourmilières dont elles sont couvertes, et qui, par le moyen de leur longue langue, en avalent

(*) Ampelis grisea L.