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LE GUIRA PANGA OU COTINGA BLANC. 337

LE GUIRA PANGA OU COTINGA BLANC (a)

Laët est le seul qui ait parlé de cet oiseau (*), et tout ce qu’il nous en apprend se réduit à ceci, qu’il a le plumage blanc et la voix très forte. Depuis ce temps l’espèce s’en était en quelque sorte perdue, même à Cayenne ; et c’est par les soins de M. de Manoncour qu’elle vient de se retrouver.

Le mâle est représenté dans les planches enluminées, n°793, et la femelle, n° 794 : tous deux étaient perchés sur des arbres, à portée d’un marécage, lorsqu’ils furent tués ; ils furent découverts par leur cri, et ce cri était très fort, comme le dit Laët (b). Ceux qui les avaient tués l’exprimèrent par ces deux syllabes, in, an, prononcées d’une voix fort traînante.

Ce qu’il y a de plus remarquable dans ces oiseaux, c’est une espèce de caroncule qu’ils ont sur le bec, comme les dindons, mais qui a une organi- sation, et par conséquent un jeu tout différent ; elle est flasque et tombante dans son état de repos, et lorsque l’animal est tranquille ; mais, au contraire, lorsqu’il est animé de quelque passion, elle se gonfle, se relève, s’allonge, et dans cet état de tension et d’effort elle a deux pouces et plus de longueur sur trois ou quatre lignes de circonférence à sa base : cet effet est produit par l’air que l’oiseau sait faire passer par l’ouverture du palais dans la cavité de la caroncule, et qu’il sait y retenir.

Cette caroncule diffère encore de celle du dindon, en ce qu’elle est couverte de petites plumes blanches. Au reste, elle n’appartient point exclusivement au mâle, la femelle en est aussi pourvue, mais elle a le plumage tout à fait différent. Dans le mâle le bec et les pieds sont noirs, tout le reste est d’un blanc pur et sans mélange, si vous en exceptez quelques teintes de jaune que l’on voit sur le croupion et sur quelques pennes de la queue et des ailes. Le plumage de la femelle n’est pas à beaucoup près aussi uniforme ; elle a le dessus de la tête et du corps, les couvertures supérieures des ailes et la plus grande partie des pennes des ailes et de la queue de couleur olivâtre, mêlée de gris ; les pennes latérales de la queue grises, bordées de jaune ; les joues et le front blancs ; les plumes de la gorge grises, bordées d’olivâtre ; celles de la poitrine et de la partie antérieure du ventre grises, bordées d’oli- vâtre, terminées de jaune ; le bas-ventre et les couvertures du dessous de la

(a) Le nom brésilien de quira panga a beaucoup de rapport avec celui de guira punga, que les mêmes Sauvages donnent à l’averano, dont nous allons bientôt parler. — « Cotinga in toto corpore alba... Cotinga blanc. » Brisson, t. II, p. 356. — « Guira panga. » Laët, Nov. orb., p. 557 ; et d’après lui, Jonston, Av., p. 125.

(b) Les voyageurs disent que le son de sa voix est comme celui d’une cloche, et qu’il se fait entendre d’une demi-lieue. Voyez Histoire générale des voyages, t. XIV, p. 299.

(*) Ampelis carunculata Gmel.