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LE CORDON BLEU. 331

qui flatte le goût ; mais il est difficile de concilier tous les avantages, et l’une des intentions fait souvent tort à l’autre ; car, en dépouillant un oiseau pour manger sa chair, il est rare qu’on le dépouille comme il faut pour avoir son plumage bien conservé ; cela explique assez naturellement pourquoi tous les jours il nous arrive d’Amérique tant de cotingas imparfaits. On ajoute que ces oiseaux se jettent aussi sur les rizières et y causent un dégât considé- rable ; si cela est vrai, les créoles ont une raison de plus pour leur donner la chasse (a).

La grandeur des différentes espèces varie depuis celle d’un petit pigeon à celle du mauvis, et même au-dessous : toutes ces espèces ont le bec large à la base ; les bords du bec supérieur, et très souvent ceux du bec inférieur, échancrés vers la pointe ; et la première phalange du doigt extérieur unie à celle du doigt du milieu ; enfin, la plupart ont la queue un peu fourchue ou rentrante, et composée de douze pennes.

LE CORDON BLEU (b)

Un bleu (*) éclatant règne sur le dessus du corps, de la tête et du cou, sur le croupion, les couvertures supérieures de la queue et les petites couver- tures des ailes ; celte même couleur reparaît encore sur les couvertures infé- rieures de la queue, le bas-ventre et les jambes. Un beau pourpre violet règne sur la gorge, le cou, la poitrine, et une partie du ventre jusqu’aux jambes : sur ce fond on voit se dessiner, à l’endroit de la poitrine, une ceinture du même bleu que celui du dos, et qui a valu à cette espèce le nom de cordon bleu. Au-dessous de cette première ceinture, quelques individus en ont une autre d’un beau rouge (c), outre plusieurs taches de feu répandues sur le cou et sur le ventre : ces taches ne sont pas disposées tout à fait aussi régulièrement que dans la planche 188 ; mais elles sont jetées avec cette liberté qui semble plaire par-dessus tout à la nature, et que l’art imite si difficilement.

(a) Le peu que j’ai dit ici des mœurs des cotingas, je le dois à M. Aublet ; mais je dois aussi ajouter que M. de Manoncour n’a pas ouï dire que la chair des cotingas fût un mets recherché à Cayenne : peut-être cela n’est-il vrai que de quelques espèces.

(b) Purple breasted blue-manakin, le manakin bleu à poitrine pourpre. Edwards, pl. 241 et 340. — Grive de Rio-Janeiro ; cotinga ou grive au cordon bleu. Salerne, p. 174. — « Cotinga supernè splendidè cærulea, infernè purpureo-violacea ; remigibus rectricibusque nigris ; oris exterioribus remigum minorum et rectricum cæruleis... » Cotinga. Brisson, t. II, p. 340. — Les créoles l’appellent poule de bois. — « Ampelis nitidissima cærulea, subtùs purpurea : alis caudâque nigris. Cotinga. Parus cæruleus pectore purpureo Edwardi. » Linnæus, Syst. nat., édit. XIII, p. 298, sp. 4.

(c) Tel était l’individu que M. Edwards a représenté dans sa planche 340.

(*) Ampelis Cotinga L.