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LE COQ DE ROCHE DU PEROU. 329

LE COQ DE ROCHE DU PÉROU

Il y a une autre espèce ou plutôt une variété de coq de roche dans les pro- vinces du Pérou (*), qui diffère de celui-ci en ce qu’il a la queue beaucoup plus longue et que les plumes ne sont pas coupées carrément ; celles des ailes ne sont pas frangées comme dans le précédent : au lieu d’être d’un rouge uniforme partout, il a les ailes et la queue noires, et le croupion d’une cou- leur cendrée ; la huppe est aussi différente, moins élevée et composée de plumes séparées ; mais, pour tout le reste des caractères, cet oiseau du Pérou ressemble si fort au coq de roche de la Guiane qu’on ne doit le regar- der que comme une variété de cette même espèce.

On pourrait croire que ces oiseaux sont les représentants de nos coqs et de nos poules dans le nouveau continent ; mais j’ai été informé qu’il existe dans l’intérieur des terres de la Guiane et au Mexique des poules sauvages qui ressemblent beaucoup plus que les coqs de roche à nos poules ; on peut même les regarder comme très approchantes du genre de nos poules et de nos coqs d’Europe : elles sont, à la vérité, bien plus petites, n’étant guère que de la grosseur d’un pigeon commun ; elles sont ordinairement brunes et rousses ; elles ont la même figure de corps, la même petite crête charnue sur la tête, et la même démarche que nos poules ; elles ont aussi la queue sem- blable et la portent de même ; le cri des mâles est aussi le même que celui de nos coqs, seulement il est plus faible. Les sauvages de l’intérieur des terres connaissent parfaitement ces oiseaux ; cependant ils ne les ont pas réduits en domesticité, et cela n’est pas étonnant, parce qu’ils n’ont rendu domestique aucun des animaux, qui néanmoins auraient pu leur être très utiles, surtout les hoccos, les marails, les agamis, parmi les oiseaux, les tapirs, les pécaris et les pacas parmi les quadrupèdes. Les anciens Mexicains, qui, comme l’on sait, étaient civilisés, avaient au contraire réduit en domes- ticité quelques animaux, et particulièrement ces petites poules brunes. Gemelli Carreri rapporte qu’ils les appelaient chiacchialacca ; et il ajoute qu’elles ressemblent en tout à nos poules domestiques, à l’exception qu’elles ont les plumes brunâtres et qu’elles sont un peu plus petites (a).

(a) Voyage autour du monde, t. VI, p. 22.

(*) Pipra peruviana L.