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LE COQ DE ROCHE. 327

plumage est parfaitement étagé ; il se nourrit de fruits, peut-être faute de grains ; car il serait du genre des gallinacés, s’il n’en différait pas par la forme des doigts qui sont joints par une membrane, le premier et le second jusqu’à la troisième articulation, et le second au troisième, jusqu’à la pre- mière seulement ; il a le bec comprimé par les côtés vers l’extrémité ; la queue très courte et coupée carrément, ainsi que quelques plumes des cou- vertures des ailes : quelques-unes des plumes ont une espèce de frange de chaque côté, et la première grande plume de chaque aile est échancrée du tiers de sa longueur de la pointe à la base ; mais ce qui le distingue et le caractérise plus particulièrement, c’est la belle huppe qu’il porte sur la tête : elle est longitudinale en forme de demi-cercle. Dans les descriptions détaillées que MM. Brisson et Wosmaër ont données de cet oiseau, la huppe n’est pas bien indiquée, car cette huppe n’est pas simple, mais double, étant formée de deux plans inclinés qui se rejoignent au sommet. Du reste, leurs descrip- tions sont assez fidèles, seulement ils n’ont donné que celle du mâle : nous nous dispenserons d’en faire une nouvelle ici, parce que cet oiseau est très différent de tous les autres et fort aisé à reconnaître. Les figures de nos planches enluminées, numéros 39 et 747, représentent le mâle et la femelle ; un coup d’œil sur la planche suffira pour faire remarquer qu’elle diffère du mâle en ce que le plumage de celui-ci est d’une belle couleur rouge, au lieu que celui de la femelle est entièrement brun : on aperçoit seulement quelques teintes de roux sur le croupion, la queue et les pennes des ailes. Sa huppe, double comme celle du mâle, est moins fournie, moins élevée, moins arrondie, et plus avancée sur le bec que celle du mâle. Tous deux sont ordinairement plus gros et plus grands qu’un pigeon ramier ; mais il y a apparence que les dimensions varient dans les différents individus, puisque M. Brisson donne à cet oiseau la grosseur d’un gros pigeon romain, et que M. Wosmaër assure qu’il est un peu plus petit que le pigeon commun : différence qui peut aussi venir de la manière de les empailler : mais dans l’état de nature, la femelle, quoique un peu plus petite que le mâle, est certainement bien plus grosse qu’un pigeon commun.

Le mâle ne prend qu’avec l’âge sa belle couleur rouge : dans la première année il n’est que brun comme la femelle ; mais à mesure qu’il grandit, son plumage prend des pointes et des taches de couleur rousse, qui deviennent tout à fait rouges lorsqu’il est adulte et peut-être même âgé, car il est assez

riùs intensiùs, interiùs pallidiùs alterâ medietate fuscis, apice dilutè aurantio marginatis, utrimque extimâ fuscâ, apice dilutè aurantio fimbriatâ, interiùs primâ medietate pallidè au- rantiâ... » Rupicola. Brisson, Ornithol., t. IV, p. 437 ; et pl. 34, fig. 1. — The widde hop. Edwards, Glan., t. II, p. 115 ; et pl. 264, où l’on ne voit que la tête de l’oiseau mâle. — Le coq des roches Américain. Wosmaër, Amsterdam, 1769, avec une planche enluminée, cotée tabula vi. — Les Français qui habitent l’Amérique, appellent cet oiseau coq de roche, et plus souvent coq de bois ; mais le premier nom lui convient mieux, parce qu’il se tient presque toujours dans les fentes des rochers, et même dans des cavernes assez profondes.