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LE MANAKIN VARIÉ. 323

M. Brisson (a), sans avoir vu cet oiseau (*), ne laisse pas d’ajouter à cette indication des dimensions et des détails de couleurs qui ne sont point rap- portés par Seba ni par aucun autre auteur. On doit aussi être étonné de ce que Seba a donné le surnom de miacatototl à cet oiseau, qu’il dit venir du Brésil, car ce nom n’est pas de la langue du Brésil, mais de celle du Mexique, dans laquelle il signifie oiseau de maïs. La preuve évidente que ce nom a été mal appliqué par Seba, c’est que Fernandez a indiqué, sous ce même nom, un oiseau du Mexique fort différent de celui-ci, et qu’il décrit dans les termes suivants :

De Miacatototl, seu ave germinis maizi.

« Avicula est satis parva, ita nuncupata quod germinibus maizi insidere soleat ; ventre pallente ac reliquo corpore nigro, plumis tamen canden- tibus, intersertis alæ caudaque infernè cineræ sunt. Frigidis degit locis, ac bono constat alimento (b). »

Il est aisé de voir, en comparant ce que dit ici Fernandez avec ce qu’a dit Seba, que ce sont deux oiseaux différents, mal à propos indiqués sous ce même nom ; mais comme la description de Fernandez est à peu près aussi imparfaite que celle de Seba, et que la figure que ce dernier a donnée est encore plus imparfaite que sa description, il n’est pas possible de rapporter cet oiseau, qui se repose sur les maïs, au genre du manakin plutôt qu’à tout autre genre.

Il en sera de même d’un autre oiseau, donné par Seba sous le nom de

Rubetra ou oiseau d’Amérique huppé.

« Il n’est pas un des moindres oiseaux de chant, dit cet auteur ; il a la crête jaune, le bec jaune aussi, excepté dessous qu’il est brun ; son plu- mage est, autour du cou et sur le corps, d’un roux jaune ; la queue et les grosses plumes des ailes sont d’un bleu éclatant, tandis que les petites plumes sont d’un jaune pâle (c). » M. Brisson (d), d’après cette description de Seba, a cru pouvoir prononcer que cet oiseau était un manakin (**). Ce- pendant, s’il eût consulté la figure donnée par cet auteur, quelque imparfaite qu’elle soit, il aurait reconnu que la queue est très longue et le bec mince, courbé et allongé, caractères très différents de ceux des manakins ; il me paraît donc évident que cet oiseau est encore plus éloigné que le précédent du genre des manakins.

(a) Ornithol., t. IV, p. 456.

(b) Fernandez, Hist. novæ Hisp., p. 30.

(c) Seba, vol. Ier, p. 160, et pl. 102.

(d) Ornithologie, t. IV, p. 463.

(*) Pipra torquata Gue. et Lath.

(**) Pipra rubetra Gmel.