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316 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

des coqs-de-roche, et en faire un genre particulier dont les espèces no laissent pas d’être assez nombreuses.

Les habitudes naturelles qui leur sont communes à tous n’étaient pas connues et ne sont pas encore aujourd’hui autant observées qu’il serait nécessaire pour en donner un détail exact. Nous ne rapporterons ici que ce que nous en a dit M. de Manoncour, qui a vu un grand nombre de ces oiseaux dans leur état de nature. Ils habitent les grands bois des climats chauds de l’Amérique, et n’en sortent jamais pour aller dans les lieux découverts ni dans les campagnes voisines des habitations. Leur vol, quoique assez rapide, est toujours court et peu élevé ; ils ne se perchent pas au faîte des arbres, mais sur les branches à une moyenne hauteur ; ils se nourrissent de petits fruits sauvages, et ils ne laissent pas de manger aussi des insectes. On les trouve ordinairement en petites troupes de huit ou dix de la même espèce, et quelquefois ces petites troupes se confondent avec d’autres troupes d’espèces différentes de leur même genre, et même avec des com- pagnies d’autres petits oiseaux de genre différent, tels que les pitpits, etc. C’est ordinairement le matin qu’on les trouve ainsi réunis en nombre, ce qui semble les rendre joyeux, car ils font alors entendre un petit gazouillement fin et agréable ; la fraîcheur du matin leur donne cette expression de plaisir, car ils sont en silence pendant le jour, et cherchent à éviter la grande cha- leur en se séparant de la compagnie, et se retirant seuls dans les endroits les plus ombragés et les plus fourrés des forêts. Quoique cette habitude soit commune à plusieurs espèces d’oiseaux, même dans nos forêts de France, où ils se réunissent pour gazouiller le matin et le soir, les manakins ne se rassemblent jamais le soir et ne demeurent ensemble que depuis le lever du soleil jusqu’à neuf ou dix heures du matin, après quoi ils se séparent pour tout le reste de la journée et pour la nuit suivante. En général ils préfèrent les terrains humides et frais aux endroits plus secs et plus chauds : cepen- dant ils ne fréquentent ni les marais ni le bord des eaux.

Le nom manakin a été donné à ces oiseaux par les Hollandais de Surinam. Nous en connaissons six espèces bien distinctes, mais nous ne pourrons désigner que la première par le nom qu’elle porte dans son pays natal. Nous indiquerons les autres par des dénominations relatives à leurs caractères les plus apparents.