Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome VI.djvu/330

Cette page n’a pas encore été corrigée

312 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

des barbes fort courtes, qui vont en diminuant sensiblement de la base à la pointe de la plume ; dans la veuve à quatre brins, au contraire, les quatre plumes excédantes n’ont dans leur longueur que des barbes très courtes qui s’allongent et forment un épanouissement au bout des plumes, et dans les colious les plumes de la queue, soit celles qui excèdent, soit celles qui sont excédées, ont également des barbes qui vont en diminuant de la base à la pointe des plumes : ainsi le rapport réel entre la queue des veuves et celle des colious n’est que dans la longueur, et celle de toutes les veuves dont la queue ressemble le plus à la queue des colious est la veuve dominicaine.

M. Mauduit a fait à cette occasion deux remarques intéressantes : la pre- mière est que les longues queues et les autres appendices ou ornements que portent certains oiseaux ne sont pas des parties surabondantes et particu- lières à ces oiseaux dont les autres soient dépourvus ; ce ne sont, au con- traire, que les mêmes parties communes à tous les autres oiseaux, mais seulement beaucoup plus étendues ; de sorte qu’en général les longues queues ne consistent que dans le prolongement de toutes les plumes ou seulement de quelques plumes de la queue. De même les huppes ne sont que l’allon- gement des plumes de la tête. Il en est encore de même des plumes longues et étroites qui forment des moustaches à l’oiseau de Paradis ; elles ne pa- raissent être qu’une extension des plumes fines, étroites et oblongues, qui, dans tous les oiseaux, servent à couvrir le méat auditif externe. Les plumes longues et flottantes qui partent de dessous les ailes de l’oiseau de Paradis commun, et celles qui représentent comme des doubles ailes dans le roi des oiseaux de Paradis, sont les mêmes plumes qui partent des aisselles dans tous les autres oiseaux ; lorsque ces plumes sont couchées, elles sont dirigées vers la queue, et lorsqu’elles sont relevées elles sont transversales à l’axe du corps de l’oiseau. Ces plumes diffèrent dans tous les oiseaux des autres plumes en ce qu’elles ont les barbes égales des deux côtés du tuyau ; elles représentent, quand elles sont relevées, de véritables rames, et l’on peut croire qu’elles servent non seulement à soutenir les oiseaux, mais à prendre la direction du vent lorsqu’ils volent. Ainsi tous les ornements du plumage des oiseaux ne sont que des prolongements ou des excroissances des memes plumes plus petites dans le commun des oiseaux.

La seconde remarque de M. Mauduit est que ces ornements des plumes prolongées sont assez rares dans les climats froids et tempérés de l’un et l’autre continent, tandis qu’ils sont assez communs dans les oiseaux des climats les plus chauds, surtout dans l’ancien continent. Il n’y a guère d’oiseaux à longue queue en Europe que les faisans ; les coqs, qui sont en même temps souvent huppés, et qui ont de longues plumes flottantes sur les côtés, les pies et la mésange à longue queue ; et de même nous ne connais- sons guère en Europe d’autres oiseaux huppés que le grand, le moyen et le petit duc, la huppe, le cochevis et la mésange huppée ; quelques oiseaux