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306 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

desséché, mais on assure qu’il est blanc dans le vivant ; la gorge, le devant du cou et tout le dessus du corps, sans excepter les ailes et la queue, sont noirs ; il y a sur les ailes une petite tache blanche qui souvent est cachée sous les grandes couvertures ; la poitrine et le ventre sont d’un marron foncé.

Cet oiseau est de la grosseur de notre bouvreuil ; il a de longueur totale quatre pouces deux tiers, et sa queue dépasse ses ailes de presque toute sa longueur.

III. — LE BOUVERON (a).

J’appelle ainsi cet oiseau (*), parce qu’il me paraît faire la nuance entre les bouvreuils d’Europe et les becs-ronds d’Amérique, dont je parlerai bien- tôt. Sa taille ne surpasse pas celle du cabaret : un beau noir changeant en vert règne sur les plumes de la tête, de la gorge et de toute la partie supé- rieure du corps, compris les pennes et les couvertures de la queue et des ailes, ou pour parler plus juste, sur ce qui paraît de ces plumes, car le côté intérieur est caché ou n’est pas noir, ou du moins n’est pas de ce beau noir changeant ; il faut encore excepter une très petite tache blanche sur chaque aile, et trois taches de même couleur, mais plus grandes, l’une sur le som- met de la tête, et les deux autres au-dessous des yeux. Toute le partie infé- rieure du corps est blanche ; les plumes du ventre et les couvertures infé- rieures de la queue sont frisées dans quelques individus, car on ne peut s’empêcher de regarder le bouvreuil à plumes frisées du Brésil comme appartenant à l’espèce du bouveron, puisque ces deux oiseaux ne diffèrent entre eux que par la frisure des plumes, différence trop superficielle et trop légère pour former un caractère spécifique, et d’autant moins que cette frisure n’est nullement permanente, et qu’elle tombe en certaines circons- tances. Il est probable que les individus frisés sont les mâles, puisque en général, parmi les animaux, la nature semble avoir choisi les mâles pour leur accorder exclusivement le don de la beauté et tout le luxe des orne- ments qui peuvent la faire valoir. Mais, dira-t-on, comment supposer que le mâle se trouve au Brésil et la femelle en Afrique ? Je réponds, premièrement, que rien n’est moins connu que le pays natal des oiseaux qui viennent de loin et passent par plusieurs mains ; je réponds, en second lieu, que si l’on a pu transporter à Paris ceux dont nous parlons, et les transporter vivants, on a pu les transporter de même de l’Amérique méridionale en Afrique (b).

(a) « Pyrrhula supernè nigro-viridans, infernè alba ; capite tribus maculis albis insignito ; remigibus nigris, a quartâ ad septimam, primâ medietate albis ; minoribus in exortu inte- riùs albis ; rectricibus supernè nigro-viridentibus, infernè nigris... » Pyrrhula Africana nigra minor, petit bouvreuil noir d’Afrique. Brisson, t. III, p. 319.

(b) J’ai vu dans le beau Cabinet de M. Mauduit, sous le nom de bouvreuil de Cayenne, un oiseau fort ressemblant au bouveron, excepté qu’il était un peu plus gros, et qu’il avait un

(*) Loxia lineola L.