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304 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

« ces oiseaux ont le chant agréable, fin, et beaucoup plus beau que les « pivoines d’Europe (a). » Il paraît vraisemblable que le climat du Nord a beaucoup influé sur ce changement de couleur.

II. — LE BOUVREUIL NOIR (b).

Je comprends sous cette dénomination non seulement les bouvreuils entiè- rement ou presque entièrement noirs, mais encore ceux qui commencent sensiblement à le devenir ; tel était celui que j’ai vu chez M. le baron de Goula ; il avait la gorge noire ainsi que le croupion ; les couvertures infé- rieures de la queue et le bas-ventre, le haut de la poitrine, variés de roux vineux et de noir, et il n’y avait point de tache blanche sur la dernière penne de la queue : ceux dont parlent And. Schænberg Anderson (c) et M. Salerne étaient tout noirs, d’un noir de charbon comme les corbeaux, dit ce dernier ; celui de M. de Réaumur, dont parle M. Brisson, était exactement noir par tout le corps. J’en ai observé un qui était devenu noir et d’un beau noir lustré à la première mue, mais qui avait conservé un peu de rouge de chaque côté du cou, et un peu de gris derrière le cou et sur les petites cou- vertures supérieures des ailes ; il avait les pieds couleur de chair et l’inté- rieur du bec rouge. Celui d’Albin avait quelques plumes rouges sous le ventre ; les cinq premières pennes de l’aile bordées de blanc ; l’iris blanc et les pieds couleur de chair. Albin remarque que cet oiseau était d’une grande douceur, comme sont tous les bouvreuils. Il arrive souvent que cette couche de noir disparaît à la mue et fait place aux couleurs naturelles ; mais quel- quefois aussi elle se renouvelle à chaque mue, et se soutient pendant plu- sieurs années ; tel était celui de M. de Réaumur. Cela ferait croire que ce changement de couleur n’est pas l’effet d’une maladie.

III. — LE GRAND BOUVREUIL NOIR D’AFRIQUE (d).

Quoique cet oiseau (*) soit d’un pays fort éloigné et qu’il surpasse en gros- seur notre bouvreuil d’Europe, je ne puis m’empêcher de le regarder comme analogue à la variété que j’ai décrite sous le nom de bouvreuil noir, et de

(a) Voyez l’Histoire générale des voyages, t. XVIII, p. 536.

(b) Atricilla, rouge-queue noire, the black bull-finch (ce nom de rouge-queue noire est appliqué mal à propos au bouvreuil). Voyez Albin, t. III, pl. 69. — « Coccothraustes, atricilla ; » en allemand, dom-dechant. Klein, Ordo avium, p. 96. — « Pyrrhula nigra, » bouvreuil noir. Brisson, t. III, p. 313. — « Loxia nigra, alulâ albâ, rostro incarnato. » Lin- næus, Syst. nat., édit. XIII, p. 302.

(c) Le Bouvreuil d’Anderson était en cage depuis longtemps. Voyez Collection acadé- mique, partie étrangère, t. XI. Académie de Stockholm, p. 58.

(d) « Pyrrhula in toto corpore nigra ; maculâ in alis candidâ ; remigibus rectricibusque ni gris... » Pyrrhula Africana nigra, le bouvreuil noir d’Afrique. Brisson, t. III, p. 317.

(*) Loxia panicivora Gmel.