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302 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

femelle le laisse approcher et lui permette de manger dans son auget ; ce qui suppose que cette union est difficile, mais qu’elle n’est pas impossible.

On a remarqué que les bouvreuils avaient dans la queue un mouvement brusque de haut en bas comme la lavandière, mais moins marque. Ils vivent cinq à six ans : leur chair est mangeable, suivant quelques-uns ; elle n’est point bonne à manger selon d’autres, à cause de son amertume ; cela dépend de l’âge, de la saison et de la nourriture. Ils sont de la grosseur de notre moineau et pèsent environ une once. Ils ont le dessus de la tête, le tour du bec et la naissance de la gorge d’un beau noir lustré, qui s’étend plus ou moins soit en avant soit en arrière ; le devant du cou, la poitrine et le haut du ventre d’un beau rouge ; le bas-ventre et les couvertures inférieures de la queue et des ailes blancs ; le dessus du cou, le dos et les scapulaires cendrés ; le croupion blanc ; les couvertures supérieures et les pennes de la queue d’un beau noir tirant sur le violet, et une tache blanchâtre sur la penne la plus extérieure ; les pennes des ailes d’un cendré noirâtre, d’autant plus foncé qu’elles sont plus voisines du corps ; la dernière de toutes, rouge en dehors ; les grandes couvertures des ailes d’un beau noir changeant, terminées de gris clair rougeâtre ; les moyennes cendrées ; les petites d’un cendré noirâtre bordé de rougeâtre ; l’iris noisette ; le bec noirâtre et les pieds bruns.

Les côtés de la tête, les côtés et le devant du cou, la poitrine, le haut du ventre, en un mot, presque tout ce qui est rouge dans le mâle est d’un cendré vineux dans la femelle, quelquefois même le bas-ventre : elle n’a pas non plus ce beau noir changeant et lustré que le mâle a sur la tête et ail- leurs ; mais j’ai vu de ces femelles qui avaient la dernière des pennes de l’aile bordée de rouge, et qui n’avaient point de blanc sur la plus extérieure de celles de la queue. M. Linnæus ajoute qu’elle a le bout de la langue divisé en petits filets ; cependant je l’ai trouvée bien entière comme celle du mâle, ayant la forme d’un bec de cure-dent fort court.

Plusieurs jeunes bouvreuils, que j’ai observés sur la fin de juin, avaient le front d’un roux clair ; le devant du cou et la poitrine d’un brun roussâtre ; le ventre et les couvertures inférieures de la queue d’un fauve qui allait toujours se dégradant du côté de la queue ; le dessus du corps plus ou moins rembruni ; la raie blanche de l’aile chargée d’une forte teinte de roussâtre ; le croupion d’un blanc plus ou moins pur. On sent bien que tout cela est sujet à beaucoup de petites variétés.

Longueur totale, six pouces ; bec, cinq lignes, épais et crochu ; Kramer a remarqué que ses deux pièces sont mobiles, comme dans les pinsons et les bruants ; vol, neuf pouces un quart ; queue, deux pouces un tiers, un peu fourchue (mais pas toujours dans les femelles), composée de douze pennes ; doigt extérieur uni par sa première phalange au doigt du milieu ; ongle pos- térieur plus fort et plus crochu que les autres.