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enfin en ce qu’elle a les bords du bec inférieur échancrés vers le bout, ce qui m’autorise à en faire une espèce différente, jusqu’à ce que l’on connaisse mieux sa nature, ses mœurs et ses habitudes.

II.La litorne de Canada[1].

C’est ainsi que Catesby appelle la grive qu’il a décrite et fait représenter dans son Histoire de la Caroline[2], et j’adopte cette dénomination d’autant plus volontiers que la litorne se trouvant en Suède, du moins une partie de l’année, elle a bien pu passer de notre continent dans l’autre et y produire des races nouvelles.

La litorne de Canada[NdÉ 1] a le tour de l’œil blanc, une marque de cette même couleur entre l’œil et le bec, le dessus du corps rembruni, le dessous orangé dans sa partie antérieure, et varié dans sa partie postérieure de blanc sale et d’un brun roux, voilé d’une teinte verdâtre ; elle a aussi quelques mouchetures sous la gorge dont le fond est blanc. Pendant l’hiver, elle passe par troupes nombreuses du nord de l’Amérique à la Virginie et à la Caroline, et s’en retourne au printemps comme fait notre litorne ; mais elle chante mieux[3]. M. Catesby dit qu’elle a la voix perçante comme la grive de Guy, qui est notre draine. Ce même auteur nous apprend qu’une de ces litornes de Canada, ayant fait la découverte du premier alaterne qui eût été planté dans la Virginie, prit tant de goût à son fruit qu’elle resta tout l’été pour en manger. On a assuré à Catesby que ces oiseaux nichaient dans le Maryland et y demeuraient toute l’année.


LE MAUVIS[4]

Il ne faut pas confondre le mauvis[NdÉ 2] avec les mauviettes qu’on sert sur les tables à Paris pendant l’hiver, et qui ne sont autre chose que des alouettes

  1. C’est la neuvième grive de M. Brisson, et qu’il nomme grive de Canada, t. II, p. 225. Le nom de fieldfure, que lui donne M. Catesby, est celui qui en anglais désigne particulièrement la litorne. Voyez Willughby, p. 138 ; et British Zoology, p. 90.
  2. T. Ier, p. 29.
  3. Il faut toujours se rappeler qu’on ne sait point comment chante un oiseau quand on ne l’a pas entendu chanter au temps de l’amour, et que la litorne ne niche point dans nos contrées.
  4. Les paysans de Brie lui donnent le nom de can ou quan, qui paraît évidemment formé de son cri. Nos paysans des environs de Montbard lui donnent celui de boute-quelon et celui de calandrote, qui, dans nos planches enluminées, a été donné mal à propos à la litorne, no 490.
  1. Turdus migratorius L. [Note de Wikisource : actuellement Turdus migratorius Linnæus, vulgairement merle d’Amérique].
  2. Turdus iliacus L. [Note de Wikisource : actuellement Turdus iliacus Linnæus, vulgairement grive mauvis]. « Le Mauvis a 24 centimètres de long et 37 centimètres d’envergure ; l’aile pliée mesure 12 centimètres, et la queue 9. Le dos est brun olive, le ventre blanchâtre ; les côtés de la poitrine et le dessous des ailes sont d’un roux vif ; le cou jaunâtre ; le