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300 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

mal vêtus, et il mourut dans un de ces accès huit mois après le premier événement.

Les bouvreuils passent la belle saison dans les bois ou sur les montagnes : ils y font leur nid sur les buissons, à cinq ou six pieds de haut, et quelque- fois plus bas. Le nid est de mousse en dehors et de matières plus mollettes en dedans : il a, dit-on, son ouverture du côté le moins exposé au mauvais vent. La femelle y pond de quatre à six œufs (a), d’un blanc sale, un peu bleuâtre, environnés près du gros bout d’une zone formée par des taches de deux couleurs, les unes d’un violet éteint, les autres d’un noir bien tranché. Cette femelle dégorge la nourriture à ses petits, ainsi que les chardonne- rettes, linottes, etc., et le mâle a aussi grand soin de sa femelle. M. Linnæus dit qu’il tient quelquefois fort longtemps une araignée dans son bec pour la donner à sa compagne. Les petits ne commencent à siffler que lorsqu’ils commencent à manger seuls ; et des lors ils ont l’instinct de la bienfaisance, si ce que l’on m’a assuré est vrai, que de quatre jeunes bouvreuils d’une même nichée, tous quatre élevés ensemble, les trois aînés, qui savaient manger seuls, donnaient la becquée au plus jeune qui ne le savait pas encore. Après que l’éducation est finie, les père et mère restent appariés et le sont encore tout l’hiver, car on les voit toujours deux à deux, soit qu’ils voyagent, soit qu’ils restent ; mais ceux qui restent dans le même pays quittent les bois au temps des neiges, descendent de leurs montagnes (b), abandonnent les vignes où ils se jettent sur l’arrière-saison, et s’approchent des lieux habités, ou bien se tiennent sur les haies le long des chemins ; ceux qui voyagent partent avec les bécasses aux environs de la Toussaint et reviennent dans le mois d’avril (c) : ils se nourrissent en été de toutes sortes de graines, de baies, d’insectes, de prunelles (d), et l’hiver de grains de genièvre, des bourgeons du tremble, de l’aune, du chêne, des arbres fruitiers, du mar- saule, etc., d’où leur est venu le nom d’ébourgeonneux (e) : on les entend pendant cette saison siffler, se répondre et égayer par leur chant, quoiqu’un peu triste, le silence encore plus triste qui règne alors dans la nature.

Ces oiseaux passent auprès de quelques personnes pour être attentifs et réfléchis, du moins ils ont l’air pesant, et à juger par la facilité qu’ils ont d’apprendre, on ne peut nier qu’ils ne soient capables d’attention jusqu’à

(a) Jusqu’à huit, suivant M. Salerne qui s’était bien assuré, sans doute, que l’on n’avait pas réuni les œufs de deux nids dans un seul.

(b) Il y en a beaucoup sur les montagnes de Bologne, de Modène, de Savoie, de Dau- phiné, de Provence, etc. Voyez Olina, p. 40, et les autres.

(c) On en voit beaucoup sur la fin de l’automne et au commencement de l’hiver dans les parties montagneuses de la Silésie, mais non pas tous les ans, dit Schwenckfeld. Av. Siles., page 263.

(d) Sorbi disseminator, dit M. Linnæus.

(e) En cage ils mangent du chènevis, du biscuit, des prunes, de la salade, etc. Olina conseille de donner aux jeunes qu’on élève, de la pâtée de rossignol faite avec des noix, etc.