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LE BRUANT FOU. 287

les animaux ; mais, comme nous l’avons remarqué, le bruant et le zizi par- ticipent plus ou moins à cette espèce de folie, et l’on peut la regarder comme une maladie de famille, que le bruant dont il s’agit ici a seulement dans un plus haut degré : je lui ai donc conservé le nom qu’il porte en Italie, avec d’autant plus de raison que celui de bruant des prés me parait ne lui point convenir, les oiseleurs et les chasseurs les plus attentifs m’ayant assuré unanimement qu’ils n’avaient jamais vu dans les prés de ces prétendus bruants des prés.

Ainsi que le zizi, le bruant fou ne se trouve point dans les pays septen- trionaux, et son nom ne paraît point dans les zoologies locales de la Suède, du Danemark, etc. ; il cherche la solitude et se plaît sur les montagnes ; il est fort commun et très connu dans celles qui sont autour de Nantua ; M. Hébert (a) l’y a vu souvent et d’assez près, soit à terre, soit sur des noyers ; les gens du pays lui ont assuré que sa chair était un très bon man- ger. Son chant est fort ordinaire et a rapport à celui de notre bruant. Les oiseleurs prussiens prennent souvent de ces oiseaux, et ils ont remarqué que, lorsqu’on les met dans une volière où il y a d’autres oiseaux de diffé- rentes espèces, ils s’approchent des bruants ordinaires avec une prédilec- tion marquée ; ils semblent les reconnaître pour leurs parents ; ils ont en effet le même cri, comme nous venons de le dire (b), la même taille, la même conformation que les bruants, et ils n’en diffèrent que par quelques habi- tudes et par le plumage : le mâle a toute la partie supérieure variée de noirâtre et de gris ; mais ce gris est plus franc sur la tête, et il est roussâtre partout ailleurs, excepté sur quelques-unes des couvertures moyennes des ailes où il devient presque blanc ; ce même gris roussâtre borde presque toutes les pennes des ailes et de la queue dont le fond est brun ; seulement les deux pennes extérieures de la queue sont bordées et terminées de

variété constante dans l’espèce du bruant fou. A l’égard de l’oiseau qu’Aldrovande désigne par le nom de passeribus congener, p. 562, il diffère encore plus du bruant fou ; et jusqu’à présent ie ne vois aucune raison de le rapporter à la famille des bruants, comme a fait M. Brisson ; c’est au cirlus stultus que se rapporte l’oiseau suivant. — « Hortulanus cine- reus ; species tertia Aldrovandi ; en allemand, knipper ; en polonais, gluszek. » Rzaczynski, Auct. Polon., p. 386, n° 43. — « Emberiza supernè ex nigricante et griseo rufescente varia, infernè dilutè rufescens ; oculorum ambitu, et tæniâ in maxillâ inferiore albo-rufescenti- bus ; lineâ nigricante guttur cingente : rectricibus binis utrimque extimis interiùs albo rufescente terminatis... » Emberiza pratensis, le bruant des prés. Brisson, t. III, p. 266. — « Emberiza capite cinereo, lineis nigricantibus variegato ; cirlus Willughby ; en autrichien, » steinemmerling, graukopfige viesen ammering. » Kramer, Elenchus Austriæ inf., p. 371. — Emberiza rufescens, capite lineis nigricantibus sparsis, superciliis albis Cia. Linnæus, Syst. nat., édit. XIII, p. 370, n° 11. — Je ne sais pourquoi M. Barrère a rapporté à cette espèce son emberiza nigra vertice coccineo, qu’il dit avoir vu, et que personne n’a vu que lui. Voyez Specimen nov., p. 33. — C’est le chic-farnous des Provençaux, selon M. Guys qui l’appelle aussi l’oiseau bête par excellence. A Nantua, pieux des rochers.

(a) Cet excellent observateur m’a appris ou confirmé les principaux faits de l’histoire des bruants.

(b) « Volando, zip, zip sonans, » dit Linnæus, loco citato.