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286 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

faut toujours entendre de l’état de domesticité ; car il serait assez difficile d’établir un calcul juste sur les probabilités de la vie des oiseaux jouissant de l’air et de la liberté.

Le mâle a le dessus de la tête tacheté de noirâtre, sur un fond vert olive ; une plaque jaune sur les côtés, coupée en deux parties inégales par un trait noir qui passe sur les yeux ; la gorge brune, ainsi que le haut de la poitrine ; un collier jaune entre deux ; le reste du dessous du corps d’un jaune qui va s’éclaircissant vers la queue, et tacheté de brun sur les flancs ; le dessus du cou et du dos varié de roux et de noirâtre ; le croupion d’un roux olivâtre, et les couvertures supérieures de la queue d’un roux plus franc ; les pennes des ailes brunes, bordées d’olivâtre, excepté les plus voisines du dos qui sont rousses ; les pennes de la queue brunes aussi, bordées les deux exté- rieures de blanc, les suivantes de gris olivâtre, et les deux du milieu de gris roussâtre ; enfin, le bec cendré et les pieds bruns.

La femelle a moins de jaune et n’a point la gorge brune, ni la tache de la même couleur sur la poitrine. Au reste, Aldrovande avertit que les couleurs du plumage sont fort variables dans cette espèce : l’individu qu’il a fait représenter avait sur la poitrine une teinte de vert obscur ; et parmi ceux que j’ai observés il s’en est trouvé un qui avait la partie supérieure du cou olivâtre, presque sans aucun mélange.

Longueur totale, six pouces un quart ; bec, environ six lignes ; vol, neuf pouces deux tiers ; queue, près de trois pouces ; composée de douze pennes, dépasse les ailes d’environ dix-huit lignes ; elle est fourchue à peu près comme dans les bruants.

LE BRUANT FOU (a)

Les Italiens ont ainsi appelé cet oiseau (*) parce qu’il donne indifférem- ment dans tous les pièges, et que cette insouciance de soi-même et de sa propre conservation est en effet la plus grande marque de folie, même dans

(a) Emberiza pratensis ; en allemand, wissemmertz, wise emmeritz ; aux environs du Lac Majeur, ceppa. Gessner, De avibus, p. 655. Emberiza pratensis Gessneri ; avis merulæ con- gener ; hordeola, à cause du grain d’orge ou tubercule que cet oiseau a dans le palais (et peut-être parce qu’il se nourrit d’orge comme les autres bruants, lesquels par cette raison s’appellent geel-gorste). Charleton, Aves, p. 87. — Emberiza pratensis Gessneri. Bononien- sibus Bertasina. Aldrovande, p. 572. M. Brisson voit le même oiseau dans celui qu’Aldro- vanda nomme cirlus stultus ; lutex tertium genus ; Genuæ, cia selvatica, cia montanina ; Bononiensibus, cirlo matto. Ibid., p. 857 ; mais indépendamment des différences que l’on peut remarquer entre les deux descriptions, ces deux oiseaux ont des noms différents dans le même pays, car à Bologne le premier s’appelle bertasina, suivant Aldrovande, et le second cirlo matto ; d’où l’on doit conclure, ce me semble, que le cirlus stultus est au moins une

(*) Emberiza Cia L.