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LE ZIZI OU BRUANT DE HAIE (a)

Je donne à cet oiseau[NdÉ 1] le nom de zizi d’après son cri ordinaire, assez semblable à celui du premier bruant. On le voit tantôt perché, tantôt courant sur la terre, et par préférence dans les champs nouvellement labourés où il trouve des grains, de petits vers et d’autres insectes ; aussi a-t-il presque toujours le bec terreux. Il donne assez facilement dans tous les pièges, et lorsqu’il est pris aux gluaux, il y reste le plus souvent, ou bien il ne s’en tire qu’en perdant presque toutes ses plumes, et il tombe ne pouvant plus voler. Il s’apprivoise aisément dans la volière ; cependant il n’est pas absolument insensible à la perte de sa liberté ; et ce qui le prouve, c’est que pendant les deux ou trois premiers mois il ne fait entendre que son cri ordinaire, lequel il répète fréquemment et avec inquiétude lorsqu’il voit quelqu’un s’approcher de sa cage ; il lui faut tout ce temps pour se faire à la captivité, quelque douce qu’elle soit, et pour reprendre son ramage (b). S’il faisait bien il ne le reprendrait jamais, afin que l’homme eût un motif de moins de le tenir en servitude. Il a à peu près la même taille et les mêmes mœurs que notre premier bruant, en sorte qu’on peut légitimement soupçonner que ces deux oiseaux, étant mieux connus, pourront se rapporter à la même espèce.

Les zizis ne se trouvent point dans les pays du Nord, et il semble au contraire qu’ils soient plus communs dans les pays méridionaux ; mais ils sont rares dans plusieurs de nos provinces de France. On les voit souvent avec les pinsons, dont ils imitent le chant, et avec lesquels ils forment des volées nombreuses, surtout dans les jours de pluie. Ils se nourrissent des mêmes choses que les granivores, et vivent environ six ans, selon Olina, ce qu’il

(a) Luteæ primum genus ; cirulus, cia simpliciter ; Bononiensibus, raparino ; quibusdam, « cirto ; aliis trofagolo. » Aldrovande, p. 855. — En Toscane, le mot raparino désigne un oiseau tout différent, suivant Olina. — Cirlus ; zivolo proprement dit ; Olina, Uccelleria, p. 50. Il ne fait presque que répéter ce qu’avait dit Aldrovande. — « Emberiza seu cirolus Aldrovandi ; zivola Olinæ ; Germanis, zirlammer ; fettammer Frischii. » Klein, Ordo av., p. 91. Il se trompe en appliquant au bruant de haie le nom de fettammer par lequel Frisch a désigné l’ortolan. — « Luteæ primum genus, et cirlus Aldrovandi ; zivola Olinæ. » Willughby, p. 196. — Ray, Synop., p. 93. — Verdier de haie, Belon, Nature des oiseaux, p. 365. — Le chic des Provençaux, selon M. Guys. — « Emberiza supernè nigricante et rufo varia, infernè lutea ; gutture et maculâ in pectore fuscis ; capite viridi-olivaceo, maculis nigricantibus vario ; tæniâ supra oculos luteâ ; rectricibus binis utrimque extimis, interiùs maculâ albâ obliquâ notatis… » Emberiza sepiaria, le bruant de haie. Brisson, t. III, p. 263.

(b) M. Guys assure que son chant est monotone et sans ramage, ce qui prouve seulement que M. Guys ou ceux qu’il a consultés n’ont pas été à portée de l’entendre.

(*) Emberiza Cirlus L.

    mais ce jaune safran ne peut guère appartenir à la femelle, ni même au mâle ; en tout cas ce serait une variété de femelle.

  1. ' L. [Note de Wikisource : actuellement ' , vulgairement '].