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saison dans des climats aussi rigoureux. On sait quelle est leur influence sur la couleur du poil des quadrupèdes, comme sur celle des plumes des oiseaux, et l’on ne doit pas être surpris de ce que l’oiseau dont il s’agit dans cet article est blanc pendant l’hiver, comme le dit M. Linnæus, non plus que du grand nombre de variétés que l’on compte dans cette espèce et dont toute la différence consiste dans plus ou moins de blanc, de noir ou de roussâtre ; on sent que les combinaisons de ces trois couleurs principales doivent varier continuellement, en passant de la livrée d’été à la livrée d’hiver, et que chaque combinaison observée doit dépendre en grande partie de l’époque de l’observation ; souvent aussi elle dépendra du degré de froid que ces oiseaux auront éprouvé, car on peut leur conserver toute l’année leur livrée d’été en les tenant l’hiver dans un poêle ou dans tout autre appartement bien échauffé.

En hiver, le mâle a la tête, le cou, les couvertures des ailes et tout le dessous du corps blanc comme de la neige[1], avec une teinte légère et comme transparente de roussâtre sur la tête seulement ; le dos noir ; les pennes des ailes et de la queue mi-parties de noir et de blanc ; en été il se répand sur la tête, le cou, le dessous du corps et même sur le dos des ondes

    trib. II, no 4. — « Monti fringilla calcaribus alaudæ, seu major » ; great-pied mountainfinch, or brambling. Willughby, p. 187. — The sea-lark. Ray, Synop., p. 88. — « Passer alpino-laponicus seu nivalis », Acta Litt. et Scient. Sueciæ, an. 1736, no 1. — « Alauda remigibus albis, primoribus extrorsùm nigris, lateralibus tribus albis. » Moineau de neige. Académie de Stockholm, Collect. académ., partie étrangère, t. XI, p. 59. — « Avis nivalis », Martens, Spitzb. 53. — « Alauda remigibus albis, etc. », pied chaffinch ; en suédois, snoesparf ; en lapon, alaipg ; en dalécarlien, illwarsvogel ; en scanien, sioelaerka. Linnæus, Fauna Suec., no 194. Je rapporte à une même espèce les deux oiseaux indiqués sous ce numéro, j’en dirai les raisons. — « Emberiza remigibus albis, etc. » Linn., Syst. nat., édit. X, g. 97, sp. 1. — « Fringilla albicans Aldrov., etc. » Linnæus, Syst. nat., édit. XIII. — G.-H. Kramer, Elenchus, p. 372. En autrichien, méer-stiglitz. — On a aussi donné le nom d’oiseau de neige à la gelinotte blanche qui habite les mêmes montagnes ; mais c’est un oiseau tout à fait différent. Rossolan dans les montagnes du Dauphiné, sans doute à cause de la couleur roussâtre, qui est en été la couleur dominante de son plumage, surtout pour les femelles. — En danois, sneekok, winter-fugl ; en norv., snee-fugl, fiœlster, sneespurre, snee-titing, sœlskriger ; en isl., sino-tytlingur, soel-skrikia, le mâle ; tytlings-blike ; en lapon, alpe ; en groënlandais, kopa-noarsuch, Otho Frid. Muller. Zoologiæ Danicæ prodromus, p. 30, 31. — « Emberiza supernè nigra, marginibus pennarum candidis, infernè alba ; capite, collo et pectore albis, rufescente mixtis ; rectricibus tribus utrimque extimis albis, exteriùs in apice longâ maculâ nigrâ notatis… » Hortulanus nivalis, l’ortolan de neige. Brisson, t. III, p. 285.

  1. Ces plumes blanches sont noires à la base, et il arrive quelquefois que le noir perce à travers le blanc, et y forme une multitude de petites taches, comme dans l’individu que Frisch a dessiné sous le nom de bruant blanc tacheté : Weisse-fleckige-ammer, class. 1, div. 2, art. 4, pl. 2, no 6. D’autres fois il arrive que la couleur noire de la base de chaque plume s’étend sur la plus grande partie de la plume ; en sorte qu’il en résulte une couleur noirâtre sur toute la partie inférieure du corps, comme dans le pinson noirâtre et jaunâtre d’Aldrovande, lib. XVIII, p. 817 et 818.