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L’ORTOLAN DE ROSEAUX[1]

En comparant les divers oiseaux de cette famille, j’ai trouvé des rapports si frappants entre l’ortolan de cet article et les quatre suivants[2], que je les eusse rapportés tous à une seule et même espèce, si j’avais pu réunir un nombre de faits suffisants pour autoriser cette petite innovation : il est plus que probable que tous ces oiseaux, et plusieurs autres du même nom, s’accoupleraient ensemble, si l’on savait s’y prendre ; il est probable que ces accouplements seraient avoués de la nature, et que les métis qui en résulteraient auraient la faculté de se reproduire ; mais une conjecture, quelque fondée qu’elle soit, ne suffit pas toujours pour s’écarter de l’ordre établi. D’ailleurs, je vois quelques-uns de ces ortolans qui subsistent depuis longtemps dans le même pays sans se mêler, sans se rapprocher, sans rien perdre des différences qui les distinguent les uns des autres ; je remarque aussi qu’ils n’ont pas tous absolument les mêmes mœurs, ni les mêmes habitudes : je me conformerai donc aux idées, ou pour mieux dire, aux conventions reçues, en séparant ces races diverses, et les regardant en effet

  1. « Passer arundinarius Anglorum, passer aquaticus Peuceri ; junco Gazæ » ; en anglais, reed-sparrow ; en allemand, reidt-muess, selon Turner ; en Suisse, riedt-meiss (ces deux derniers noms sont les vrais noms de la mésange de marais), Rhorsperling, Rhorspartz, Rhorsparstzle, an Rhor-geutz, Weiden-spatz seu passer salicum ; en grec, σχοινίκλος, σχοινίκος, σχοινίων. Gessner, De avibus, p. 573 et 653. Aldrovande, Ornithologie, p. 529 ; il remarque que l’oiseau appelé à Bologne passere aquatico, est différent du red-sparrow des Anglais ayant le bec plus long, le plumage brun, la poitrine blanche, et étant plus gros. — « Βατίς seu pubetra Aldrovandi (« avicula vermiculis victitans », dit Aldrovande, ce qui ne convient guère à l’ortolan de roseaux.) » Passer torquatus palustris, passer calamodytis ; en allemand, Rohr-sperling, Rohr-spatzlin, Rohr-spatz ; en grec, στρουθὸς σχοινίκλος. Schwenckfeld, Avi. Siles., p. 323. — « Passer arundinarius », etc., en polonais, wrobel trzcinnis. Rzaczynski, Auctuar., p. 406, no LXVIII. — « Passer arundinaceus, junco », etc. Charleton, Exercit., p. 86, no 7, Onomastic., p. 78. — « Passer torquatus in arundinetis nidificans » ; en anglais, the reed sparrow. « An passer arundinaceus Turneri, Aldrovandi ? » Willughby, Ornithologia, p. 196, § 4. — Ray, Synop. p. 93, an atototl Fr. Fernandez, cap. viii, « seu atototloquichitl ejusdem » Fernandez, cap. xvi ? Ray, Synop., p. 47. — Moineau de joncs, reed sparrow, canevarola. Albin, liv. II, no 51. — « Passer atricapillus torquatus », rohr-ammer, rohr-sperling (bruant ou moineau de roseaux). Frisch, cl. 1, div. 2, art. 5, pl. 3, no 6. — « Fringilla capite nigro, maxillis rufis, torque albo, corpore rufo-nigricante » ; en suédois, saefsparf. Linnæus, Fauna Suec., p. 79, no 211. — « Schæniclus, fringilla rectricibus fuscis, extimis duabus maculâ albâ cuneiformi, corpore griseo nigroque, capite nigro. » Linnæus, Syst. nat., édit. X, g. 98, sp. 26. — « Emberiza capite nigro, maxillis rufis, torque albo, corpore rufo-nigricante ; on le nomme en Autriche, rohr-ammering, meer-spatz. » Kramer, Elenchus, p. 371, no 5. — « Emberiza supernè ex nigro et rufescente varia, infernè alborufescens ; capite nigro (rufescente vario Fœmina) ; tæniâ supra oculos albo-rufescente ; torque albo (minime conspicuo Fœmina) ; rectricibus binis utrimque extimis albis, interius in exortu obliqué nigricantibus, extimâ apice obliqué fuscâ… » Hortulanus arundinaceus. Ortolan de roseaux. Brisson, t. III, p. 274. — Il est connu en Provence sous le nom de chic des roseaux.
  2. Le gavoué de Provence, le mitilène, l’ortolan de Lorraine et l’ortolan de la Louisiane.