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sans vraisemblance, quoiqu’ils nichent aujourd’hui en Allemagne, où on les prend pêle-mêle avec les bruants et les pinsons[1] ; mais l’Italie est un pays plus anciennement cultivé ; d’ailleurs il n’est pas rare de voir ces oiseaux, lorsqu’ils trouvent sur leur route un pays qui leur convient, s’y fixer et l’adopter pour leur patrie, c’est-à-dire pour s’y perpétuer. Il n’y a pas beaucoup d’années qu’ils se sont ainsi naturalisés dans un petit canton de la Lorraine, situé entre Dieuse et Mulée, qu’ils y font leur ponte, qu’ils y élèvent leurs petits, qu’ils y séjournent, en un mot, jusqu’à l’arrière-saison, temps où ils partent pour revenir au printemps[2].

Leurs voyages ne se bornent point à l’Allemagne : M. Linnæus dit qu’ils habitent la Suède, et fixe au mois de mars l’époque de leur migration[3], mais il ne faut pas se persuader qu’ils se répandent généralement dans tous les pays situés entre la Suède et l’Italie : ils reviennent constamment dans nos provinces méridionales ; quelquefois ils prennent leur route par la Picardie, mais on n’en voit presque jamais dans la partie de la Bourgogne septentrionale que j’habite, dans la Brie, dans la Suisse, etc.[4]. On les prend également au filet et aux gluaux.

Le mâle a la gorge jaunâtre, bordée de cendré ; le tour des yeux du même jaunâtre ; la poitrine, le ventre et les flancs roux, avec quelques mouchetures, d’où lui est venu le nom italien de tordino ; les couvertures inférieures de la queue de la même couleur, mais plus claire ; la tête et le cou cendré olivâtre ; le dessus du corps varié de marron brun et de noirâtre ; le croupion et les couvertures supérieures de la queue d’un marron brun uniforme ; les pennes de l’aile noirâtres, les grandes bordées extérieurement de gris, les moyennes de roux ; leurs couvertures supérieures variées de brun et de roux ; les inférieures d’un jaune soufre ; les pennes de la queue noirâtres, bordées de roux, les deux plus extérieures bordées de blanc ; enfin, le bec et les pieds jaunâtres.

La femelle a un peu plus de cendré sur la tête et sur le cou, et n’a pas de tache jaune au-dessous de l’œil ; en général, le plumage de l’ortolan est sujet à beaucoup de variétés.

Il est moins gros que le moineau franc. Longueurs, six pouces un quart, cinq pouces deux tiers ; bec, cinq lignes ; pied, neuf lignes ; doigt du milieu, huit lignes ; vol, neuf pouces ; queue, deux pouces et demi, composée de douze pennes ; dépasse les ailes de dix-huit à vingt lignes.

  1. Frisch, cl. 1, div. 2, art. 2, no 5. Cramer les met au nombre des oiseaux qui se trouvent dans l’Autriche inférieure, et il ajoute qu’ils se tiennent dans les champs, et se perchent sur les arbres qui se trouvent au milieu des prés. Elenchus, etc., p. 371, no 4.
  2. J’ai pour garant de ce fait M. le docteur Lottinger.
  3. Fauna Suecica, page 208.
  4. Gessner ne parle des ortolans que d’après un de ces oiseaux que lui avait envoyé Aldrovande, et d’après les auteurs.