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du bec, qui néanmoins est plus allongé que le bec des tangaras ; il est du même climat de l’Amérique, et ce sont ces rapports communs qui nous ont déterminés à placer cet oiseau à la suite de ce genre.


L’ORTOLAN[1]


Il est très probable que notre ortolan[NdÉ 1] n’est autre chose que la miliaire de Varron, ainsi appelée parce qu’on engraissait cet oiseau avec du millet ; il est tout aussi probable que le cenchramos d’Aristote et de Pline est encore le même oiseau, car ce nom est évidemment formé du mot κέγχρος, qui signifie aussi du millet : et ce qui donne beaucoup de force à ces probabilités fondées sur l’étymologie, c’est que notre ortolan a toutes les propriétés qu’Aristote attribue à son cenchramos, et toutes celles que Varron attribue à sa miliaire.

1o Le cenchramos est un oiseau de passage qui, selon Aristote et Pline, accompagne les cailles, comme font le râle, la barge et quelques autres oiseaux voyageurs[2].

  1. « Ortolano, avis miliaria antiquorum, cenchramus aliorum. » Olina, Uccelleria, p. 22. — Verdier de haie, quasi comme bâtard (par ses couleurs) entre un verdier et un pinson : a le bec du broyer… est de mœurs, vol, voix et faire son nid comme le précédent (notre bruant). Belon, Nat. des oiseaux, p. 365. — Hortulana Bononiensium. Gessner, De avibus, p. 567. — « Κεγχραμὸς, cynchramus, cychramis, cynchramus, cenchramus, cynchramas Aristotelis, miliaria Varronis, hortulanus. » Aldrovande, Ornithol., t. II, cap. 24, p. 177. — Jonston, Avi., p. 49. — « Hortulanus Aldrovandi, Venetiis tordino, berluccio. » Willughby, p. 197. — « Hortulanus Aldrov. Venetiis tordino, » parce qu’il est tacheté comme la grive. Ray, Synops. avium, p. 94. — « Hortulanus, miliaria Varronis, cenchramus Aristot. », en allemand, jut-vogel ; en polonais, ogrodniczeck. Rzaczynski, Auct. hist. nat. Polon., p. 386, no 43. — « Fett-ammer (bruant gras) hortulan, miliaria pinguescens. » Frisch, cl. 1, div. 2, art. 2. — « The bunting, hortulane. » Albin, Oiseaux, t. III, art. 50. — « Emberiza miliaria pinguescens Frischii, ortolano, cenchramus Olinæ, the bunting Albini : fett-ammer, ortolan. » Klein, Ordo avium, p. 91, no 11. — « Fringilla seu emberiza remigibus nigris, primis tribus margine, albidis ; rectricibus nigris, lateralibus duabus extrorsùm albis. » Linnæus, Fauna Suecica, no 208, p. 78 ; et Syst. nat., g. 97, sp. 3, p. 177. — « Hortolan, ortolan, jardinier ; en Languedoc, benarris, benarrie, etc., en italien, tordino. » Salerne, Oiseaux, p. 296. — « Emberiza capite virescente, annulo circa oculos, gulâque flavescentibus » ; en Autriche, ortulan. G. H. Kramer, Elenchus, p. 371, no 4. — « Emberiza supernè ex nigricante et castaneo fusco varia, infernè rufescens ; capite et collo olivaceo-cinereis (lineolis nigricantibus variis Fœmina) : occulorum ambitu et gutture flavicantibus ; tectricibus alarum inferioribus sulphureis ; rectrice extimâ exteriùs margine albidâ præditâ, proximè sequenti interiùs apice alba… » Hortulanus, l’ortolan. Brisson, t. III, p. 269. — En plusieurs provinces de France, on donne le nom d’ortolans à plusieurs oiseaux d’espèce très différente, par exemple, au torcol, au becfigue, etc. En Amérique, on le donne à une petite espèce de tourterelle qui prend beaucoup de graisse et dont la chair est très délicate. Les amateurs des bons morceaux ont aussi leur nomenclature.
  2. « Cùm hinc abeunt (colthurnices) ducibus lingulaca, oto et matrice profiscuntur, atque
  1. Emberiza hortulana L. [Note de Wikisource : On le nomme actuellement Emberiza hortulana Linnæus, vulgairement bruant ortolan. Son genre est le seul de la famille des Embérizidés, famille sœur de celle des Calcariidés (plectrophanes). Ces deux genres appartiennent à la même super-famille que celle qui regroupe les familles d’oiseaux américains citées dans la note à l’article du grand tangara.]