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un oiseau dont tout le plumage est d’un rose pâle varié de gris ; il nous a paru que cette différence n’est produite que par la mue, et que ce n’est point une variété dans l’espèce, qui, quoique très nombreuse en individus, nous paraît très constante dans tous ses caractères.


L’ESCLAVE[1]

Treizième espèce.

Nous conserverons à cet oiseau[NdÉ 1] le nom d’esclave, qu’il porte à Saint-Domingue, selon M. Brisson, et nous sommes surpris qu’ayant un nom qui semble tenir à l’état de servitude ou de domesticité, on ne se soit point informé si on le nourrit en cage, et s’il n’est pas d’un naturel doux et familier que ce nom paraît supposer. Mais ce nom vient peut-être de ce qu’il y a à Saint-Domingue un gobe-mouche huppé qu’on nomme le tyran, nom qu’on a aussi donné au gobe-mouche à queue fourchue en Canada ; et comme ces oiseaux tyrans sont bien supérieurs en grandeur et en force, on aura donné le nom d’esclave à celui-ci, qui se nourrit comme eux d’insectes auxquels ils donnent la chasse.

Cet oiseau a quelques caractères communs avec les grives ; il leur ressemble par les couleurs et surtout par les mouchetures du ventre ; les grives ont comme lui, et comme les autres tangaras, l’échancrure du bec à la mandibule supérieure : ainsi le genre des grives et celui du tangara sont assez voisins l’un de l’autre, et l’esclave est peut-être de tous les tangaras celui qui ressemble le plus à la grive ; néanmoins, comme il en diffère beaucoup par la grandeur, et qu’il est considérablement plus petit, on doit le placer comme nous le faisons ici dans le genre des tangaras.

L’esclave a la tête, la partie supérieure du cou, le dos, le croupion, les plumes scapulaires et les couvertures du dessus des ailes d’une couleur uniforme ; tout le dessous du corps est d’un blanc sale, varié de taches brunes qui occupent le milieu de chaque plume ; les pennes des ailes sont brunes, bordées extérieurement d’olivâtre et intérieurement de blanc sale ; les deux pennes du milieu de la queue sont brunes ; les autres sont de la même couleur avec une bordure olivâtre sur leur côté intérieur ; la queue est un peu fourchue ; les pieds sont bruns.


  1. « Tangara supernè fusca, infernè sordidè alba, maculis longitudinalibus fuscis varia ; remigibus, rectricibusque lateralibus fuscis, oris exterioribus olivaceis… Tangara Dominicensis. » Brisson, Ornithol., t. III, p. 37.
  1. Tanagra dominica L. [Note de Wikisource : actuellement Dulus dominicus Linnæus, vulgairement esclave palmiste, seul oiseau de la famille des Dulidés, elle-même appartenant à la superfamille des Bombycilloidés, qui contient entre autres les jaseurs].