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noir foncé, et que la pointe de la mandibule inférieure est noire, le reste de cette mandibule blanc, et qu’elle est élargie transversalement comme la base de la mandibule inférieure de l’oiseau appelé bec-d’argent. Les becs de ces oiseaux sont assez mal représentés dans les figures des planches enluminées.

Le scarlatte ne se trouve que dans les climats les plus chauds de l’Amérique méridionale, au Mexique, au Pérou, au Brésil. Le tangara du Canada se trouve dans plusieurs contrées de l’Amérique septentrionale, aux Illinois[1], à la Louisiane[2], à la Floride[3] ; ainsi l’on ne peut douter qu’ils ne fassent deux espèces distinctes et séparées.

Cet oiseau a été décrit exactement par M. Brisson[4]. Il a très bien remarqué que la couleur rouge de son plumage est beaucoup plus claire que celle du scarlatte ; les couvertures supérieures des ailes et les deux pennes les plus proches du corps sont noires ; toutes les autres pennes des ailes sont brunes et bordées intérieurement de blanc jusque vers leur extrémité ; la queue est composée de douze pennes noires, terminées par un petit bord d’un blanc très clair ; les latérales sont un peu plus longues que celles du milieu, ce qui rend la queue un peu fourchue.


LE TANGARA DU MISSISSIPI

Sixième espèce.

Le tangara du Mississipi[NdÉ 1] est une espèce nouvelle qui n’a été décrite par aucun naturaliste. Cet oiseau a beaucoup de rapports avec le tangara du Canada ; seulement ce dernier oiseau a, comme le scarlatte, les ailes et la queue noires, tandis que le tangara du Mississipi les a de la même couleur que le reste du corps. Une différence plus essentielle est celle qui se trouve dans le bec ; celui du tangara du Mississipi est plus grand que le bec de tous les autres tangaras, et en même temps beaucoup plus gros. Il y a de plus un

  1. Ce n’est guère qu’à cent lieues au sud du Canada, qu’on commence à voir des cardinaux ; ils ont le chant doux, le plumage beau, une aigrette sur la tête. Charlevoix, Nouv. France, t. III, p. 156.
  2. Hist. de la Louisiane, par le Page Dupratz, p. 139, t. II.
  3. Le mercredi il entra dans le port (de la Havane) une barque de la Floride, chargée de peaux d’oiseaux cardinaux et de fruits… Les Espagnols achetaient les oiseaux cardinaux jusqu’à dix pièces de huit la pièce, et en prirent malgré la misère publique pour dix-huit mille pièces de huit. Gemelli Careri, Voyage autour du monde, t. VI, p. 322.
  4. « Tangara rubra ; remigibus fuscis, oris interioribus albis ; remigibus alarum, rectricibusque nigris ; apicis rectricum margine albâ… Cardinalis Canadensis. » Brisson, Ornithol. t. III, p. 48 ; et pl. 2, fig. 5.
  1. Tanagra mississipiensis L. [Note de Wikisource : actuellement Piranga rubra Linnæus, vulgairement piranga (ou tangara) vermillon].