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on en voit au temps du passage comme ailleurs ; mais il en passe quelquefois un très grand nombre et d’autres fois très peu. Les grands passages ont lieu tous les trois ou quatre ans, on en voit alors des nuées, que quelques-uns ont cru apportées par le vent[1].

Le ramage du tarin n’est point désagréable, quoique fort inférieur à celui du chardonneret, qu’il s’approprie, dit-on, assez facilement ; il s’approprierait de même celui du serin, de la linotte, de la fauvette, etc., s’il était à portée de les entendre dès le premier âge.

Suivant Olina, cet oiseau vit jusqu’à dix ans[2] : la femelle du R. P. Bougot, dont j’ai parlé ci-dessus, est parvenue à cet âge, mais il faut toujours se souvenir que les femelles d’oiseaux vivent plus que leurs mâles. Au reste, les tarins sont peu sujets aux maladies, si ce n’est à la gras-fondure, lorsqu’on ne les nourrit que de chènevis.

Le mâle tarin a le sommet de la tête noir, le reste du dessus du corps olivâtre, un peu varié de noirâtre ; le croupion teinté de jaune ; les petites couvertures supérieures de la queue tout à fait jaunes ; les grandes olivâtres, terminées de cendré ; quelquefois la gorge brune et même noire[3] ; les joues, le devant du cou, la poitrine et les couvertures inférieurs de la queue, d’un beau jaune citron ; le ventre blanc jaunâtre ; les flancs aussi, mais mouchetés de noir ; deux raies transversales olivâtres ou jaunes sur les ailes, dont les pennes sont noirâtres, bordées extérieurement de vert d’olive ; les pennes de la queue jaunes, excepté les deux intermédiaires qui sont noirâtres, bordées de vert d’olive ; toutes ont la côte noire ; le bec a la pointe brune ; le reste est blanc et les pieds sont gris.

La femelle n’a pas le dessus de la tête noir comme le mâle, mais un peu varié de gris, et elle n’a la gorge ni jaune, ni brune, ni noire, mais blanche.

Longueur totale, quatre pouces trois quarts ; bec, cinq lignes ; vol, sept pouces deux tiers ; queue, vingt-une lignes, un peu fourchue ; dépasse les ailes de sept à huit lignes.


VARIÉTÉS DANS L’ESPÈCE DU TARIN

I. — On m’apporta l’année passée, au mois de septembre, un oiseau pris au trébuchet, lequel ne pouvait être qu’un métis de tarin et de canari, car il avait le bec de celui-ci, et à peu près les couleurs du premier ; il s’était sans doute échappé de quelque volière. Je n’ai point eu occasion de l’en-

  1. Olina, Uccellaria, p. 17. « Myriades in Prussiâ capiuntur in areis. » Klein, p. 94.
  2. Ceux qu’on tient à la galère vivent beaucoup moins.
  3. Tous les mâles adultes n’ont pas la gorge noire ou brune ; j’en ai tenu qui l’avaient du même jaune que la poitrine, et qui avaient d’ailleurs toutes les marques distinctives du mâle ; j’ai eu occasion de voir cette tache noire se former par degrés dans un individu pris