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II.Le chardonneret jaune[1].

Tous ceux qui ont parlé de cet oiseau[NdÉ 1] se sont accordés à lui donner le nom de chardonneret d’Amérique, mais pour que cette dénomination fût bonne il faudrait que l’oiseau à qui on l’a appliquée fût le seul chardonneret qui existât dans tout le continent du Nouveau-Monde ; et non seulement cela est difficile à supposer, mais cela est démenti par le fait même, puisque le chardonneret de l’article précédent est aussi d’Amérique. J’ai donc cru devoir changer cette dénomination trop vague en une autre qui annonçât ce qu’il y a de plus remarquable dans le plumage de l’oiseau. Le chardonneret jaune a le bec à très peu près de même forme et de même couleur que notre chardonneret ; le front noir, ce qui est propre au mâle ; le reste de la tête, le cou, le dos et la poitrine d’un jaune éclatant ; les cuisses, le bas-ventre, les couvertures supérieures et inférieures de la queue d’un blanc jaunâtre ; les petites couvertures des ailes jaunes à l’extérieur, blanchâtres à l’intérieur, et terminées de blanc ; les grandes couvertures noires et terminées d’un blanc légèrement nuancé de brun, ce qui forme deux raies transversales bien marquées sur les ailes qui sont noires ; les pennes moyennes terminées de blanc ; celles qui avoisinent le dos et leurs couvertures bordées de jaune ; les pennes de la queue, au nombre de douze, égales entre elles, noires dessus, cendrées dessous ; les latérales blanches à l’intérieur vers le bout ; le bec et les pieds couleur de chair.

La femelle diffère du mâle en ce qu’elle n’a pas le front noir, mais d’un vert olive, ainsi que tout le dessus du corps, et en ce que le jaune du croupion et du dessous du corps est moins brillant, le noir des ailes moins foncé, et, au contraire, les raies transversales moins claires ; enfin, en ce qu’elle a le ventre tout blanc, ainsi que les couvertures inférieures de la queue.

Le jeune mâle ne diffère de la femelle que par son front noir.

La femelle observée par M. Edwards était seule dans sa cage, et cependant elle pondit au mois d’août 1755 un petit œuf gris de perle, sans aucune tache ; mais ce qui mérite plus d’attention, c’est que M. Edwards ajoute que constamment cette femelle a mué deux fois par an, savoir, aux mois de mars et de septembre. Pendant l’hiver, son corps était tout à fait brun, mais

  1. The American gold-finch, le chardonneret d’Amérique. Catesby, p. 43. Edwards, pl. 274. « Fringilla, carduelis Americana, gelber distel-finck. » Klein, Ordo avium, § 45, p. 97. — « Fringilla flava fronte nigra, alis fuscis ; fringilla tristis. » Linnæus, Syst. nat., édit. X, g. 98, sp. 14. — « Carduelis lutea ; vertice nigro ; tæniâ transversâ in alis candidâ ; remigibus, rectricibusque nigris ; minorum remigum oris exterioribus et in apice albis… » Carduelis Americana, le chardonneret d’Amérique. Brisson, t. III, p. 64.
  1. Fringilla tristis L. [Note de Wikisource : actuellement Spinus tristis Linnæus, vulgairement chardonneret jaune ou tarin jaune, genre frère de celui des serins vrais ; le groupe formé par les chardonnerets d’Amérique, les tarins et les serins vrais est lui-même frère de celui formé par les chardonnerets européens, les venturons et le serin malais.]