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blanc ; celles de la queue noires, la plus extérieure bordée de blanc à l’intérieur ; le ventre d’un cendré brun.

Ce n’est point ici une altération de couleur produite par l’état de captivité : l’oiseau avait été pris dans les environs de Ferrare, et envoyé à Aldrovande.

IX.Le chardonneret métis[1].

On a vu beaucoup de ces métis : il serait infini et encore plus inutile d’en donner ici toutes les descriptions. Ce qu’on peut dire en général, c’est qu’ils ressemblent plus au père par les extrémités et à la mère par le reste du corps, comme cela a lieu dans les mulets des quadrupèdes. Ce n’est pas que je regarde absolument ces métis comme de vrais mulets ; les mulets viennent de deux espèces différentes, quoique voisines, et sont presque toujours stériles ; au lieu que les métis résultant de l’accouplement des deux espèces granivores, tels que les serins, chardonnerets, verdiers, tarins, bruants, linottes, sont féconds et se reproduisent assez facilement, comme on le voit tous les jours. Il pourrait donc se faire que ce qu’on appelle différentes espèces parmi les granivores ne fussent en effet que des races diverses, appartenant à la même espèce, et que leurs mélanges ne fussent réellement que des croisements de races, dont le produit est perfectionné, comme il arrive ordinairement[2] : on remarque en effet que les métis sont plus grands, plus forts, qu’ils ont la voix plus sonore, etc., mais ce ne sont ici que des vues ; pour conclure quelque chose, il faudrait que des amateurs s’occupassent de ces expériences et les suivissent jusqu’où elles peuvent aller. Ce que l’on peut prédire, c’est que plus on s’occupera des oiseaux, de leur multiplication, du mélange ou plutôt du croisement des races diverses, plus on multipliera les prétendues espèces. On commence déjà à trouver dans les campagnes des oiseaux qui ne ressemblent à aucune des espèces connues. J’en donnerai un exemple à l’article du tarin.

Le métis d’Albin provenait d’un mâle de chardonneret élevé à la brochette et d’une femelle canari : il avait la tête, le dos et les ailes du chardonneret, mais d’une teinte plus faible ; le dessous du corps et les pennes de la queue jaunes, celles-ci terminées de blanc. J’en ai vu qui avaient la tête et la gorge orangées ; il semblait que le rouge du mâle se fût mêlé, fondu avec le jaune de la femelle.


  1. The Canarie-gold-finch, chardonneret qui tient du serin des Canaries. Albin, t. III, no 70. — Carduelis hybrida, H, le chardonneret mulet. Brisson, t. III, p. 62.
  2. Voyez l’Histoire du cheval, t. VIII, p. 498.