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Gesner en a vu un à Mayence âgé de vingt-trois ans : on était obligé toutes les semaines de lui rogner les ongles et le bec pour qu’il pût boire, manger et se tenir sur son bâton ; sa nourriture ordinaire était la graine de pavots ; toutes ses plumes étaient devenues blanches, il ne volait plus, et il restait dans toutes les situations qu’on voulait lui donner ; on en a vu dans le pays que j’habite vivre seize à dix-huit ans.

Ils sont sujets à l’épilepsie, comme je l’ai dit plus haut[1], à la gras-fondure, et souvent la mue est pour eux une maladie mortelle.

Ils ont la langue divisée par le bout en petits filets ; le bec allongé[2], les bords de l’inférieur rentrants et reçus dans le supérieur ; les narines couvertes de petites plumes noires ; le doigt extérieur uni au doigt du milieu jusqu’à la première articulation ; le tube intestinal long d’un pied ; de légers vestiges de cæcum ; une vésicule du fiel ; le gésier musculeux.

Longueur totale de l’oiseau, cinq pouces quelques lignes ; bec, six lignes ; vol, huit à neuf pouces ; queue, deux pouces ; elle est composée de douze pennes, un peu fourchue, et elle dépasse les ailes d’environ dix à onze lignes.


VARIÉTÉS DU CHARDONNERET

Quoique cet oiseau ne perde pas son rouge dans la cage aussi promptement que la linotte, cependant son plumage y éprouve des altérations considérables et fréquentes, comme il arrive à tous les oiseaux qui vivent en domesticité. J’ai déjà parlé des variétés d’âge et de sexe, comme aussi des différences multipliées qui se trouvent entre les individus, quant au nombre et à la distribution des petites taches blanches de la queue et des ailes, et quant à la teinte plus ou moins brune du plumage : je ne ferai mention ici que des variétés principales que j’ai observées ou qui ont été observées par d’autres[3], et qui me paraissent n’être pour la plupart que des variétés individuelles et purement accidentelles.

    vrai qu’ils vivent aussi de chenilles, de petits scarabées et autres insectes, et même que c’est cette dernière nourriture qu’ils donnent à leurs petits. Ils mangent aussi avec grande avidité de petits filets de veau cuit ; mais ceux qu’on élève préfèrent au bout d’un certain temps la graine de chènevis et de navette à toute autre nourriture.

  1. On prétend qu’elle est occasionnée par un ver mince et long qui se glisse entre cuir et chair dans sa cuisse, et qui sort quelquefois de lui-même en perçant la peau, mais que l’oiseau arrache avec son bec lorsqu’il peut le saisir. Je ne doute pas de l’existence de ces vers dont parle Frisch, mais je doute beaucoup qu’ils soient une cause d’épilepsie.
  2. Les jeunes chardonnerets l’ont moins allongé à proportion.
  3. Je ne mettrai pas au nombre de ces variétés le chardonneret à tête brune (vertice fusco) dont parle Gessner, sur la foi d’un ouï-dire (p. 243), comme d’une race distincte de la race ordinaire, ni des variétés rapportées par M. Salerne, d’après les oiseleurs orléanais, telles que le vert-pré, qui a du vert au gros de l’aile, le charbonnier qui a la barbe noire, le corps